Le président français Emmanuel Macron sera en visite en terre ivoirienne du 20 au 22 décembre 2019. Au rendez-vous, il y aura, entre autres, la célébration des fêtes de fin d’année en compagnie des forces françaises stationnées dans le pays, un hommage aux neuf soldats français tués lors du bombardement le 6 novembre 2004 à Bouaké, et la question sur la réforme du Franc CFA, monnaie introduite dans plusieurs pays africains depuis 75ans.


Selon RFI, concernant le dernier point, l’Élysée se dit ouvert à une réforme, mais considère que c’est aux dirigeants africains de prendre l’initiative. Le président ivoirien Alassane Ouattara qui préside l’UEMOA a donc la légitimité pour lancer ce chantier qui concerne ses huit pays membres. Les six autres pays utilisateurs du CFA, en Afrique centrale, ont déjà fait savoir en novembre qu’ils voulaient revoir son fonctionnement.

Le nom de la monnaie, le franc, le fait que les billets soient imprimés en France, que les réserves de change soient pour moitié déposées sur un compte au Trésor français, suscitent les critiques les plus virulentes des opposants parce que ce sont les marqueurs de la « servitude monétaire », l’expression consacrée pour dénoncer cet héritage colonial. La monnaie relève de la souveraineté des États, c’est cette souveraineté que la jeunesse africaine est pressée de retrouver.

Ces options, y compris le transfert des réserves vers les deux Banques centrales africaines qui gèrent le CFA, sont envisageables, mais elles ne changeraient pas fondamentalement le principe fondateur de la monnaie. Le fait que la France garantisse sa convertibilité avec un régime de change fixe entre le franc CFA et l’euro. Les usagers doivent donc décider s’ils renoncent à cette garantie française, et dans ce cas par quoi ils la remplacent. Les partisans d’un régime flottant proposent un panier de monnaies mêlant le dollar, le yuan et l’euro.

Les Banques centrales africaines, disent les économistes, sont tenues aujourd’hui de veiller à la convertibilité du CFA, alors qu’elles pourraient avoir d’autres objectifs plus en phase avec les besoins des pays de la zone, comme de lutter contre le chômage, sur le modèle de ce que fait la Banque centrale des États-Unis. Quelle que soit la direction choisie, attention aux mirages promis par la fin du franc CFA. Adopter une nouvelle monnaie est d’abord un processus ardu, comme l’expérimentent encore aujourd’hui les membres de la zone euro, et douloureux, comme les victimes de la crise de la dette en ont fait les frais. Ce serait se mentir que d’en faire la baguette magique pour résoudre les failles des économies africaines.