Le Mali qui avance vient de célébrer dans la sobriété le 1er anniversaire de l’investiture du Président IBK pour son second mandat. Signe indicateur de l’évolution des mentalités et de la prise de conscience par les autorités des limites du saupoudrage et du bling-bling ? En tout cas, à moins de donner acte à l’Opposition sur les dérives de la gouvernance, le régime actuel est obligé de rectifier le tir en changeant d’approche et en priorisant le concret sur les fuites en avant. En effet, en plus de la situation sécuritaire inextricable combinée à la rareté des ressources, le malaise qui se propage, se métastase à vitesse grand V ne peut avoir comme réponse la malice et la victimisation stérile.

 

Le Mali du Président IBK et du Premier ministre Boubou CISSE, et ce n’est nullement être contre eux que de le dire, est aujourd’hui dans très une mauvaise passe. La révolte légitime des jeunes de la 1re région qui a obligé le Chef du Gouvernement à se taper 1300km de routes infernales, a été le détonateur d’une grogne sociale qui s’amplifie et s’étend dangereusement sur l’ensemble du territoire.

A leur suite, ceux de Tombouctou ont pris le relais de la protestation. Très vite ralliée par les transporteurs, les cadres, les femmes et maintenant les notabilités de la Cité des 333 saints, la jeunesse de Tombouctou décrète la désobéissance civile, bloque les routes, l’aéroport, le port et ferme tous les services publics de l’État dans la ville. Au lieu d’engager un dialogue sincère, productif et d’apaisement, en vue de désamorcer la tension, l’État perd son temps et son énergie dans une polémique périphérique : Boubou a dit, Boubou n’a pas dit !

La politique constante de bouc émissaire qui consiste à faire porter le chapeau aux réseaux sociaux ne fait que déplacer et occulter les vraies raisons du malaise et retarder les réponses aux attentes légitimes des populations et surtout donner le sentiment que le Gouvernement ne se soucie pas des préoccupations des populations. Résultat : c’est l’exacerbation des revendications et leur extension comme si le Mali était sur la route d’un printemps des populations.

Région jumelle de Tombouctou, connue pour sa résistance, Gao aussi donne de la voix pour réclamer la réfection de la route Sevaré-Gao. Depuis la détérioration de la situation sécuritaire avec la bunkerisation des forces internationales escortées et protégées par les FAMa, les terroristes font la loi sur les axes routiers. Désormais pour aller à Gao, il faut passer par le Niger et le Burkina Faso. Pire face à la multiplication des engins explosifs improvisés, les rares compagnies encore sur cet axe menacent simplement d’arrêter d’aller à Gao.

En attendant, la Cité des Askia, Bougouni, Bamako (et d’autres localités) qui menacent de se lancer sur la voie de protestations en vue d’avoir des routes dignes de ce nom, à l’initiative des jeunes, les populations de Bandiagara sont massivement sorties pour protester contre le bombardement et le démantèlement des bases de la milice qui protège le pays dogon. Apportant leur soutien sans équivoque à Dana Ambassagou, les marcheurs, ce lundi, ont clairement demandé et entonné dans les rues : la démission du Gouvernement, le départ des troupes étrangères, le retour des déplacés, et la sécurisation des personnes et des biens… ‘’Vive les chasseurs’’ alternant avec ‘’à bas’’ à tout le monde (PM, gouvernement, députés, Gouverneur, Préfet…)

Avant Bandiagara, rappelons que la jeunesse de Mopti avait déjà marché plusieurs fois pour plusieurs objectifs pour manifester sa colère suite au choix du représentant du Président IBK au Centre, et contre l’insécurité avec la prolifération des milices, des attaques et des attentats, etc.

Après Kayes, Kati, Tombouctou et Bandiagara, Ménaka entre dans la danse. Face à l’insécurité qui touche la ville, les habitants sont sortis massivement, ce lundi matin, pour demander plus de sécurité et prôner la paix et le vivre ensemble. Jusqu’où ira-t-on ?

Le dénominateur commun de cette montée de mercure : l’incapacité, en tout cas le peu d’empressement du gouvernement, de se pencher sur les calvaires des populations, à prendre en charge les préoccupations et les attentes : sécurité, services sociaux de base, infrastructures de base, etc. Tandis qu’au même moment, les échos des scandales ne font qu’exacerber davantage de la grogne dont l’étendue doit alerter et obliger le gouvernement à se réveiller et à se ressaisir. L’équipe Boubou CISSE doit combler le fossé qui se creuse entre elle et les populations dont les préoccupations sont justes. L’argument de l’absence des moyens en comparaison des milliards volatilisés ne peut qu’envenimer les choses. Comme le fait de vouloir faire porter le chapeau du malaise à l’Opposition ou à la licence sur les réseaux sociaux est une malice qui ne va pas prospérer. La seule alternative c’est le dialogue franc et sincère et LE recadrage de la gouvernance pour restaurer la confiance.

PAR BERTIN DAKOUO

Info-Matin