En vue protester contre la décision de paiement de redevance péage par passage, les syndicats des transporteurs du Mali privent de la liberté d’aller et venir d’autres usagers de la route en occupant des routes. Ce comportement est une déviation du droit à la grève qui est un droit constitutionnel dont l’exercice doit s’inscrire dans le respect strict des textes.

 

Après un premier mouvement de grève, les syndicats des transporteurs ont décrété encore hier une journée sans transport, ni commerce, en collaboration avec des commerçants. La protestation est en représailles contre la décision du ministre des Transports de respecter un texte communautaire qui exige le paiement par passage la redevance péage.
Malgré que le mot d’ordre de cette grève ait été largement suivi par les transporteurs et une grande partie des commerçants, certains n’ont pas hésité à faire du hooliganisme syndical en empêchant d’autres usagers de circuler. En effet, à Kati, des membres des syndicats des transporteurs ont barré à la route pour empêcher des usagers de circuler librement. Depuis minuit, selon des sources, certains ont commencé à occuper les routes et cela a continué pendant une bonne partie de la matinée. Il a fallu l’intervention des forces de l’ordre et une longue discussion pour qu’ils lèvent les barricades.
Ainsi, en réclamant un droit, ces syndicats privent aussi des citoyens de l’un de leurs droits fondamentaux qui est d’aller et venir. En effet, en la matière, la loi est sans équivoque. Quiconque qui se trouve sur un territoire d’un Etat a le droit d’y circuler librement. Cette liberté d’aller et venir ne tolère aucune restriction. Toutefois, celle-ci doit être compatible avec les impératifs de sécurité nationale, d’ordre public, de santé et moralité publique.
Or, l’action d’empêcher les autres de circuler par les syndicats ne s’inscrit dans aucune des limites prévues à la liberté d’aller et venir. Certes, il faut réclamer des droits ou protester contre des mesures, mais dans le respect des textes de la République et de la liberté des autres. Parce que les droits de grève et de manifestation sont encadrés par les lois. La Constitution du 25 février 1992 en ses articles 20 et 21 garantit la liberté syndicale et l’encadre : ‘’la liberté syndicale est garantie. Les syndicats exercent leurs activités sans contrainte et sans limite autres que celles prévues par la loi’’ ; ‘’le droit de grève est garanti. Il s’exerce dans le cadre des lois et règlements en vigueur’’. Tout autre comportement en dehors de ces dispositions est une déviation dangereuse de l’exercice de la liberté syndicale. Alors le comportement de ce jour des syndicats des transporteurs à vouloir empêcher la liberté des autres s’apparente à un hooliganisme syndical.

Par Sikou BAH

Source : INFO-MATIN