Une augmentation globale et continue du trafic, c’est l’une des remarques que font certains acteurs du secteur du transport aérien au Mali. S’il a des atouts pour progresser, le secteur doit encore relever de nombreux défis pour assurer sa croissance et consolider la confiance de certains acteurs clés comme les compagnies qui renouvellent leurs offres et espèrent une augmentation du nombre de voyageurs.

 

« Nous avons deux statistiques, l’une globale et l’autre commerciale. Les deux augmentent », note M. Alhousseine Bari de la division marketing et communication à la société Aéroports du Mali (ADM). Avec environ 900 000 passagers en 2018, le trafic global connaît une nette progression. Comprenant à la fois les « vols addhoc » et les vols commerciaux, ces mouvements dénotent d’une hausse réelle de la fréquentation de l’Aéroport international Modibo Keïta Sénou.

Au même moment, le « chiffre commercial » fait état d’environ 792 000 passagers.  Ces chiffres marquent une croissance du trafic qui « augmente d’année en année », précise M. Bari.  En effet selon les statistiques d’ADM, le trafic connaît depuis ces dix dernières années une évolution moyenne de 5%.

Même si depuis la crise de 2012, le trafic s’est caractérisé par une augmentation des vols dits addhoc, tous ces avions « estampillés UN » ne sont pas de la MINUSMA, car certains sont loués, nuance un responsable d’ADM, « ce qui constitue un gain pour ces compagnies », précise-t-il.

Nouvelles offres

Avec une augmentation de 35 % de janvier à maintenant par rapport à l’année dernière, la compagnie Aigle Azur se félicite de son partenariat avec Corsair, qui après une année se porte plutôt bien.

En effet, grâce à l’acquisition d’un appareil A 330 avec une plus  grande capacité et effectuant le long courrier, la compagnie offre à ses clients de nombreux  avantages et commodités des grandes compagnies. « Ce qui a permis de baisser les tarifs » avec même une promotion, explique M. Oumar Kouyaté, le représentant d’Aigle Azur au Mali. L’utilisation de cet appareil permet  en outre à la « compagnie de proposer une cabine business avec le confort et la fonctionnalité qui va avec », ajoute M. Kouyaté.

Ce partenariat commercial et opérationnel avec Corsair présente de multiples avantages pour le client le premier étant de disposer aujourd’hui de 5 vols par semaine à destination de Paris. Les 2 compagnies n’ayant pas les mêmes jours de vol, un client disposant d’un billet d’une compagnie peut voyager avec son billet sur l’autre, grâce à un partage de code. Aussi les deux compagnies s’appuie sur la même équipe d’escale au niveau de l’aéroport, ce qui permet de profiter d’une harmonisation de tarifs et de services.

Depuis ce mois de janvier, la compagnie Air Sénégal, la toute nouvelle compagnie nationale du pays de la Teranga, avec un appareil A 319, participe à l’augmentation du flux sur l’axe Bamako-Dakar. Avec des tarifs attractifs à partir de 220 000 francs  CFA, la compagnie offre «  des vols directs et des horaires flexibles et commodes », précisent les responsables. De nombreux voyageurs préfèrent maintenant le transport aérien à la route, note un acteur. « Le domaine se porte très bien et le marché malien est très dynamique », ajoute le représentant de la compagnie Aigle Azur.

Plusieurs chantiers

Malgré des avancées positives et un optimisme des acteurs, le secteur doit cependant faire face à des défis récurrents qui menacent sa stabilité et son équilibre.

Ainsi pour mener à bien son rôle de gestionnaire principal du domaine, ADM entend consolider ses missions et participer pleinement à la mobilisation des compagnies, car « sans compagnies, il n’y a pas d’aéroport », relève M. Bari de la division marketing et communication d’ADM.

Parallèlement la structure envisage de mettre en œuvre le programme de financement et de réorganisation de l’aérogare de Mopti. Une relance de l’aéroport de Kayes et celui de Sikasso sont également à l’ordre du jour.

L’autre goulot d’étranglement reste sans doute l’occupation du site aéroportuaire.  Estimé à 15% du domaine par les autorités qui privilégient pour le moment les actions de sensibilisation face à cette occupation. Une première étape avant l’application des règles en la matière, promettent les autorités.

Mais ce domaine de plusieurs milliers d’hectares nécessite une mise en valeur dont l’enjeu principal reste le financement. Un financement important qui nécessite une mobilisation nationale, car compte tenu du contexte sécuritaire, « c’est d’abord à nous de nous faire confiance », souligne un acteur.

Journal du Mali