Les rideaux sont tombés sur la 27e édition de la grande messe de la famille africaine et française. Cadrée sur le partenariat, la paix et l’émergence, Bamako 2017 n’a pas été un méchoui, un pique-nique, pardon une simple virée protocolaire au bord du Djoliba.

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Partenaires africains et français, dans une rare sincérité, ont fait l’état des dossiers préoccupants et soulevé des questionnements partagés.
Dans une prospective souvent dysphonique sans être dysphorique, l’Afrique et la France ont évoqué leur avenir commun à travers le prisme des enjeux sécuritaires, environnementaux et développementaux.
Centralité oblige, les questions de défense et de sécurité ont occupé une place de choix notamment les interventions françaises sur le Continent.
Du Mali à la Centrafrique, si les Africains se satisfont et trouvent de bonnes raisons pour justifier la présence des forces françaises, sur le terme, Paris se refuse à tout jeu de mots.
L’unique objectif de France, qui est convaincue qu’il ne peut pas y avoir de paix durable, sans sécurité en Afrique, « c’est de pouvoir former les armées africaines et leur permettre d’assurer la mission qui est la leur, de mettre en sécurité les zones sahélo-sahariennes ».
Dans un franc-parler qui lui est coutumier, le président Hollande rappelle à ses pairs qu’en intervenant en Afrique, son pays « ne cherche pas à exercer une influence, à peser sur le choix politique d’un peuple et encore moins à capter ses ressources ».
La France y intervient pour travailler au renforcement de la capacité de défense africaine. Parce que, sans aucun truisme, c’est aux Maliens et aux Africains en général d’assurer leur sécurité.
Ce sont nos forces armées africaines qui devront relever le défi contre le terrorisme. En partenaire solidaire, la France n’intervient que pour accompagner et soutenir nos efforts, en matière de renseignements, de logistique et de conseils.
Toutefois, liés par le destin, Africains et Français sont condamnés à lutter au coude à coudes contre l’ennemi commun en mutualisant leurs forces en vue d’éradiquer le fléau du terrorisme et du radicalisme.
Si le partenariat Afrique-France est notre atout majeur pour parvenir à une stabilité sécuritaire au niveau régional et mondial, Bamako 2017 n’a pas été que tout sécuritaire. Le sommet a aussi abordé la problématique de l’augmentation de l’aide au développement qui augmentera de 15 %, mais celle de l’investissement et de la croissance. Sur le sujet, le partenaire français plaide pour qu’une plus forte capitalisation de la forte croissance africaine afin qu’elle « soit durable, respectueuse de l’environnement et qu’elle puisse également donner les opportunités d’investissement » sur le continent.
Considéré comme un sommet d’adieu, Bamako 2017 a été l’occasion d’un vibrant hommage et d’une reconnaissance unanime au président de la République française qui aura été « de tous les chefs d’État français celui dont le rapport avec l’Afrique a été le plus loyal et le plus sincère. » En effet, l’histoire retiendra que le président Hollande qui a renoncé à se représenter aura été l’artisan de la rupture avec une certaine sulfureuse Françafrique faite d’immixtion et d’oukases.
Avec Hollande, la France intervient, DÉSORMAIS, « à la demande », « en accord », « en respect » du droit international, mais d’abord et avant tout de la souveraineté des États.
Il ne s’agit point de la part de l’Homme d’une désaffection, mais d’un profond respect envers des partenaires qui ont su, chacun avec sa sensibilité, lui reconnaître cette rupture avec l’ordre ancien et d’avoir changé radicalement la nature et l’objet des interventions françaises en Afrique.
Depuis 2012, rappelle le président IBK, « la France et son armée ne seront jamais intervenues qu’au chevet de la démocratie en Afrique et non plus au secours de quel que autocrate ou despote.
Oui, bien évidemment « quelque chose a changé dans les pratiques politiques de la France en Afrique », mais jusqu’où ce changement devrait-il aller ? Quel devrait être l’après-Hollande ?
Plaidant pour chacun et tous, le président de l’Union africaine estime que « le nouveau partenariat que nous appelons de tous nos vœux, ne saurait se construire que dans le respect mutuel, la confiance réciproque, l’égalité, loin du double méfait du complexe d’infériorité et des velléités de domination.
Les valeurs de liberté et d’égalité fondatrices de la République française forment ici une belle symbiose avec l’attachement de l’Afrique à son identité, sa dignité, son indépendance et à ses autres valeurs qui structurent l’imaginaire collectif de ses peuples. »
Rejoignant le président Français qui refuse que pour les jeunes africains le seul horizon serait de quitter le contient pour rejoindre l’Europe, le président Idriss Déby Ipno tranche sans langue de bois : «l’Afrique doit offrir une image du continent qui fait rêver sa jeunesse et la dissuader de continuer à emprunter le train de la mort, à travers une migration humiliante, dangereuse, aux retombées chimériques. »
Des habituels conciliabules sans lendemains, le sommet de Bamako fera tache d’huile dans l’histoire parce qu’il aura été celui de l’action et de la décision.
Loin « des parties de plaisir entre bandes joyeuses de copains », Bamako 2017 a abordé les problèmes sans détour et prôné des pistes de solutions plus réalistes si des engagements ne pouvaient être pris.
Dans la franchise et le respect, la solidarité et la cohérence, ici à Bamako, les dirigeants du Continent réunis autour du président Hollande ont décidé d’ouvrir une nouvelle page plus décomplexée de leur partenariat.
Puisse-t-il être au bénéfice des peuples, de leur présent et de leur avenir.
Amen !

Par Mohamed D Diawara

 

Source: info-matin