Le semblant tout va bien commence à se dissiper dans le camp présidentiel. Affaibli par son bilan et la rupture brutale avec la plupart de ses soutiens de 2013, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, candidat à sa propre succession continue d’assister impuissamment aux démissions en cascades dans ses rangs.  En fin de la semaine passée, quatre formations politiques membres de la plateforme de soutien à IBK ‘’Ensemble Pour le Mali’’ ont rendu le tablier. Aucune raison n’est encore évoquée. Mais selon des indiscrétions, ils seraient débauchés par le milliardaire, Aliou Diallo, candidat du parti ADP-MALIBA. Le pire se prépare. En plus de ses démissionnaires, une dizaine serait en voie de quitter le camp présidentiel au profit du patron de l’or.

Aliou Diallo était un pion central pour l’élection d’IBK en 2013. Il a investi des centaines de millions. En un mot, Diallo a mis tout en œuvre pour qu’IBK soit Président. Quelques années après, les rapports étaient tendus entre les deux complices. Diallo n’hésitera pas à rompre le lien tout en avançant une haute trahison de la part d’IBK. Depuis cet instant, ils se regardent en chien de faïence. Prendre sa revanche sur IBK, c’est ce qui explique en gros la candidature de l’opérateur économique. Il est prêt à tout pour terrasser son allié d’hier.

Le plan de Aliou provoque une hémorragie sérieuse au sein de la plateforme de soutien à IBK. Certes les partis qui la composent la plupart n’ont pas de poids, mais le chiffre annoncé, 67 partis politiques pour la cause d’IBK, réconforte de manière superficielle.

Les plus proches d’IBK l’ont trompé. Ils lui ont fait croire que son peuple a toujours de l’estime pour lui ; qu’il peut facilement être réélu. Alors que c’est faux. Ce qui arrive ces derniers temps doit lui servir de leçon.

Au-delà du départ des soutiens, les stratégies mises en place pour les soldats en charge de faire réélire IBK  l’enfoncent davantage. C’est le cas du Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga. Depuis son entrée en fonction de PM, l’homme passe de dérapage en dérapage. Il envenime l’insécurité dans le centre à travers ses approches incongrues et rend l’opposition plus radicale à Bamako. Le fait de mater les marcheurs le 2 juin passé est un coup dur pour IBK. Cela a créé  un climat de cohésion entre plusieurs chefs de partis politiques adversaires au Président sortant. Ils se sont donnés enfin la main et ont défié l’Etat qui a finalement courbé l’échine sous la pression également de la MINUSMA et de l’Union Africaine.  Cela est une défaite cuisante ! Dans la foulée, des jeunes se réclamant de la majorité ont commis une véritable bourde à la Maison de la presse où ils ont porté atteinte à l’opposition, pire à la presse dans son ensemble.

Des membres influents du RPM, Dr Treta et Timbiné, ont tenté de rectifié le tir, mais peine perdue.

Les récents faits démontrent à suffisance  qu’IBK n’a aucun soutien de taille capable de lui garantir un second mandat. Au contraire, au regard du niveau d’affaiblissement continu de son camp, IBK risquerait de tomber en syncope la nuit du 29 juillet car il pourrait ne pas être au second tour. Si cela arrivait, ça serait une honte indélébile car jamais arrivé au Mali sous l’avènement de la démocratie. Alpha, ATT,  ont tous fait deux mandats et n’ont pas été autant fortement contestés  comme c’est le cas d’IBK.

La seule alternative bonne pour IBK, est qu’il renonce à briguer un second mandat. Là, il sortira par la grande porte.

Boubacar Yalkoué

Source: Le Pays