Les trois jours de concertation nationale sur la mise en place de la transition post-IBK se sont achevés, samedi 12 septembre, sur un constat d’échec. En effet, le M5-RFP, force politique et sociale la plus puissante du moment, qui entendait légitimement jouer dans le dispositif de gestion provisoire du pays un rôle à la hauteur de l’action déterminante qu’il a menée dans l’effondrement du régime, le 18 août dernier, a décidé de s’en écarter.

 

Pour un triple motif. Le premier est que le document qui a sanctionné les assises  » n’est pas conforme aux délibérations issues des travaux des différents groupes notamment la reconnaissance du rôle du M5-RFP et des martyrs dans la lutte du peuple malien pour le changement ; le choix majoritaire d’une transition dirigée par une personnalité civile ; le choix d’un Premier ministre civil « .

Le second a trait  » aux rajouts à la Charte qui n’ont jamais été soumis aux débats notamment les prérogatives du vice-président de la transition ; la composition et le mode de désignation des membres du collège de désignation du Président de la transition ; l’acte fixant la clé de répartition entre les composantes du Conseil National de Transition « .

Le troisième concerne  » la non prise en compte unilatérale de très nombreux points du document qui n’avaient fait l’objet ni de rejet ni même de réserve dans aucun groupe « .

Cette démarcation du M5-RFP altère le cachet démocratique que la junte de Kati voulait imprimer à cette concertation nationale pour convaincre la communauté internationale, réticente ou hostile à l’égard de la rupture non constitutionnelle survenue, que celle-là n’était pas un coup d’Etat puisque c’est le peuple malien, dans toutes ses composantes et sensibilités qui, à l’issue d’un débat transparent et sans entrave, a défini les contours et mis en place la transition.

Il en résultera que c’est une junte privée de cet argument, qui se présentera demain mardi devant la CEDEAO à Accra pour plaider une transition de dix-huit mois dirigée par un civil ou un militaire. Ce nouvel handicap vient donc s’ajouter au désaccord sur la durée de la transition et le statut du président et du Premier ministre, l’organisation sous-régionale ouest-africaine ayant déjà marqué sa préférence pour une transition de douze mois tractée par un Président et un Premier ministre civils. Elle serait toutefois ouverte à ce que le poste de président de la transition-chef de l’Etat puisse être attribué à un militaire à la retraite.

Cela pourrait expliquer que le général Mahamane Touré, ancien chef d’Etat-major des Armées, qui a servi six longues années (2006-2012) en qualité de commissaire chargé des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité à la CEDEAO, soit pressenti pour occuper cette charge.

Saouti HAIDARA

Source : l’Indépendant