Dans quatre jours, soit le 29 mars, les électeurs maliens se rendront aux urnes pour choisir les députés de la future Assemblée nationale. Un choix fortement biaisé dès la formation des listes électorales pour lesquelles leurs  choix vont porter. Pour la simple raison que les principaux partis  politiques du pouvoir et de l’opposition ont, dans plusieurs circonscriptions électorales du pays, scellés des alliances incongrues afin  d’avoir le maximum d’élus au Parlement. Ce sont notamment  les cas insultants du RPM-principal parti présidentiel  et de l’URD-principal parti de l’opposition dans la quasi-totalité  des grandes circonscriptions électorales du Mali.

Ainsi à Djenné,  c’est le Secrétaire général du RPM qui est sur la même liste que le candidat de l’URD. A Koulikoro, le président de l’Assemblée nationale sortant, candidat du RPM, est colistier du maire  URD de la capitale du Méguétan. Dans la circonscription électorale de Kayes, on retrouve sur la même liste, les candidats du RPM et de l’URD. A  Kita, c’est encore  l’alliance RPM-URD. Idem à Kati, Koutiala, Sikasso, Douentza, Koro, Tenenkou et Kolondièba … !

Dans un système de démocratie multipartiste, les partis politiques ont  normalement un rôle important pour l’intégration des groupes et des individus dans le processus politique. Ils sont un outil essentiel pour l’expression et la représentation des intérêts divers, l’établissement des pouvoirs publics à tous les niveaux, l’élaboration des politiques et programmes politiques alternatifs. Ils  doivent contribuer  également à l’éducation et à la participation démocratiques des citoyens.  Ce qui procure aux partis une  autorité politique, normalement fondée en droit, et une  crédibilité. Lesquelles sont primordiales pour la légitimité du processus démocratique et des institutions dans une démocratie.

Dans le cas spécifique du Mali, un régime en principe démocratique et multipartiste, les partis politiques  sont censés  élaborer un programme dans lequel ils auront indiqué  leurs opinions politiques. C’est normalement sur ce programme politique que doivent  s’appuyer  les citoyens maliens lorsqu’ils vont voter pour un candidat. D’autant que c’est ce projet de société qui doit   les permettre « d’identifier la nature des choix qui leurs sont proposés ». Tant il est d’usage  que les partis politiques rassemblent  les citoyens autour  de grandes orientations.

Ainsi lors des élections, telles ces législatives de mars-avril 2020,  les citoyens maliens auront la latitude de s’exprimer  naturellement à travers les partis politiques pour  faire leurs  choix entre différentes orientations politiques. A la proclamation des résultats, le parti ou la coalition de partis  qui l’emportera,  pourra légitimement exercer son pouvoir. Un principe qui est  hélas loin d’être le cas, dans la mesure où le cartel politique malien composé par les ténors du pouvoir et de  la soi-disant opposition, sans foi ni morale, a fait le choix  de s’unir à chaque échéance électorale, privilégiant ses intérêts égocentriques au détriment de l’intérêt partisan (général).

Ce deal indigne doit  être  fortement  combattu par les électeurs maliens. Qui doivent dorénavant refuser  d’être  un bétail électoral que ces politicards  manipulent  à souhait au moment des  échéances  électorales  avec  de l’argent  ou des promesses vaines pour accéder ou se maintenir aux postes électifs. L’électorat malien doit profiter de ces  prochaines législatives pour  se sortir de  cette  emprise du cartel politique!

Gaoussou Madani Traoré

Source: Le Pélican