Tenue le 15 février à N’Djaména, la session ordinaire, 7ème du genre, de la Conférence des Chefs d’Etat du G5 Sahel, sous la présidence du président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a pris une série de mesures allant de la lutte contre la pandémie de Covid-19, en passant par la situation sécuritaire et surtout la stratégie de développement et de sécurité des pays du G5 Sahel et de son Programme d’investissements prioritaires.

Le 27ème paragraphe du communiqué final a été consacré au Mali : les Chefs d’Etat ont salué la tenue, le 11 février à Kidal, de la cinquième réunion de haut niveau du Comité de suivi de l’Accord…Avant d’exhorter la Communauté internationale à renforcer son soutien au Mali, afin de réaliser des progrès substantiels notamment dans le volet défense et sécurité dudit Accord.

Auparavant, le président français, Emmanuel Macron, depuis Paris, s’est adressé à ses pairs du G5 Sahel, en déclarant : « En quelques mois, je dois bien dire que ces autorités de la transition ont donné plus de gages que les autorités précédentes en trois ans ».

Certains disent que c’est une raillerie claire du président français vis à vis de l’ancien chef d’Etat du Mali, IBK. D’autres soutiennent que c’est un clin d’œil pour le chef de la transition afin de lui faire avaler des couleuvres au profit de Kidal.

En réalité, cette sortie maladroite, arrogante, paternaliste du président français, est révélatrice des relations difficiles que Paris entretenait avec Bamako, sous le régime défunt. On comprend de plus en plus pourquoi IBK, bien qu’ayant signé l’accord issu du processus d’Alger, refusait son application dans ses dispositions relatives à la Défense et à la Sécurité. Ce qui l’a conduit à demander la relecture du texte, le 22 Septembre 2019. Ce virage d’IBK n’avait pas plu à Macron, qui plus est soutenu par le Dialogue national inclusif (DNI), lequel a même demandé de négocier avec Amadou Kouffa et Iyad Ag Aghaly. Dès lors, Paris a lâché IBK. Celui-ci a préféré ce qui lui est arrivé à l’application d’un texte qui conduirait, selon plusieurs spécialistes et leaders politiques, à la division du pays.

C’est pourquoi, Bah N’Daw et les militaires putschistes, qui souffrent de légitimité, ont préféré s’adosser plutôt à Macron que d’être en phase avec l’opinion publique malienne.

Rapidement, le président de la transition s’est fait inviter à l’Elysée le 27 janvier, en prélude au sommet de N’Djamena pour donner « des gages » à Macron dans le cadre de l’application immédiate et rapide de l’Accord.

Le mot « gage » prononcé par le président français en dit long sur les engagements pris par Bah N’Daw à l’insu de son peuple, sinon en sa défaveur. Du coup, il devient le chouchou de Paris.

Macron lui tresse des lauriers, voire des couronnes. Le président de la transition est bien flatté pour avoir fait en quelques mois seulement ce que IBK n’a pu faire en trois ans. Nombreux sont les maliens qui s’interrogent sur cette performance de leur président que seul Macron est à même de voir ? La réponse se trouve dans le « gage » et dans le positionnement de la CMA avec la mise en place de l’Armée reconstituée, différente d’une intégration. Les deux armées vont fusionner : l’état major, les renseignements, la sécurité, le commandement.

Les régions du nord seront sous commandement de la CMA et celles du sud avec les FAMa. Sans oublier les autres aspects institutionnels politiques qui déboucheront sur la constitution de micros-Etats, voire le fédéralisme.

Le nouveau chouchou de Paris est dans des bonnes mains pour faire passer ces réformes comme une lettre à la poste, sous la bienveillance et l’œil vigilant de Macron sûr des « gages » en sa possession.

Wa Salam !

El Hadj Chahana Takiou