C’est au moment où les maliens dans leur écrasante majorité broient du noir à cause de la vie chère, que les autorités de la transition malienne multiplient les fronts en reléguant au second plan les préoccupations majeures du peuple. Au lieu de parer au plus pressé pour donner satisfaction aux populations qui ont non seulement souffert de l’embargo et qui continuent de souffrir de la vie chère, le gouvernement, comme à l’accoutumée trouve un sujet de la moindre importance qu’est la sortie de Macron lors de sa visite en Guinée Bissau, pour divertir encore le peuple. Finalement le Président Emmanuel Macron devient le seul sujet de préoccupation des autorités de la transition malienne. Elles répliquent à toutes les sorties du Président Français, même celles qui ne sont que de la provocation pour nous détourner de nos préoccupations capitales. N’est-il pas temps pour les autorités maliennes de sortir de ce piège sans fin d’Emmanuel Macron pour prendre à bras le corps les inquiétudes, voire les angoisses du peuple malien qui peine aujourd’hui à assurer son quotidien tant la vie est chère, voire intenable, car les prix des denrées de première nécessité ont pris démesurément de l’encenseur.

Jamais dans l’histoire récente du Mali   les denrées de première nécessité n’ont connu une telle flambée de leur prix, le litre d’essence frôle les 1000 f CFA, idem pour le kilogramme du sucre. Quant au lait et l’huile, produits d’ordinaires à la portée des faibles bourses, sont devenus des denrées de luxe. Le hic est que même les denrées qui sont produites au Mali connaissent une montée fulgurante de leurs prix, dans une indifférence totale des autorités qui sont beaucoup plus préoccupées par le renforcement de leur pouvoir plutôt que l’amélioration des conditions de vie de leurs concitoyens. Aujourd’hui l’économie malienne est en berne         parce que le secteur  privé, moteur de l’économie souffre énormément de la crise. Les entreprises ferment les unes après les autres, mettant au chômage des milliers de maliens. Comment les autorités d’un pays qui traverse des telles difficultés pourraient avoir d’autres préoccupations en dehors des gravissimes crises sociopolitiques, voire sécuritaires auxquelles le Mali fait face ? Faudrait-il passer le temps à répliquer à Emmanuel Macron, alors qu’il y a d’autres sujets de préoccupation plus urgents que les propos du Président français ?   S’il faut reconnaitre que la France a sa grande part de responsabilité dans la situation actuelle du Mali, en particulier et du sahel en général, elle ne saurait être la seule responsable. Donc vouloir se focaliser sur la France c’est fuir les problèmes.

Il est grand temps, avant qu’il ne soit trop tard, que les autorités sortent de cette posture va-t’en guerre en évitant de multiplier les fronts et en cherchant à résoudre la gravissime crise socio-sécuritaire. Qu’elles comprennent que la crise sociale est la mère de toutes les crises et que le soutien du peuple dont elles se targuent souvent ne saurait être éternel. Pour que le réveil ne soit pas brutal en voyant la rue noire de monde pour réclamer le départ des gouvernants, les autorités doivent changer de fusil d’épaule, en cherchant à se rapprocher de tous les pays voisins du Mali et en se réconciliant avec tous les pays du monde y compris la France. Un pays enclavé, pauvre et sans littoral comme le Mali n’a aucun intérêt à vivre en autarcie dans un monde globalisé et interdépendant et dont seule la préservation des intérêts compte.

Youssouf Sissoko

Source: L’Alternance