Le récent rapport des Nations Unies alerte sur la dégradation de la situation sécuritaire, humanitaire, juridique au Mali… Il y a eu 58 attaques terroristes faisant 287 morts, plus de 5 000 déplacés durant les 3 derniers mois et 735 écoles fermées. L’année scolaire 2019 a commencé dans une confusion totale où les promoteurs des écoles privées sont en grève illimitée, réclamant plus de 11 milliards de francs CFA à l’Etat. Les magistrats sont aussi en grève illimitée. La situation devient de plus en plus intenable alors que le régime, insensible face à la souffrance des populations, peine à trouver des remèdes. Du coup, la situation va de mal en pis. A cela, s’ajoute la situation sécuritaire tombée de Charybde en Scylla.

En effet, après le nord, c’est le centre du pays, précisément la zone de Mopti, qui se trouve embourbée dans une insécurité totale. Dos au mur face à la sécurisation des personnes et leurs biens, le régime IBK a échoué sur tous les plans.

Notre pays, le Mali, ressemble à un navire abandonné à son sort, dont le capitaine est occupé ailleurs, notamment à user et abuser des fastes du pouvoir (ses récents voyages aux Etats-Unis et en France en sont une parfaite illustration). Le pays se désintègre progressivement, même scénario qu’en 2012. Aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne qu’il n’existe d’Autorités publiques (donc d’Etat) que dans une partie de la région de Ségou et celle de Mopti, comme dans le district de Bamako, les régions de Sikasso, Koulikoro et Kayes, mais pour combien de temps encore cette parcelle d’autorité résistera-t-elle au vent de la contestation devenue de plus en plus forte ?

Autrement dit, une partie de la région de Ségou et une partie de la région de Mopti, et le reste du Nord et Nord-Est échappent au contrôle de l’Etat. Il ne se passe pas un jour sans qu’un pan du territoire national ne soit occupé par des conquérants, rebelles déguisés en djihadistes. Y a-t-il une différence, dans le cas malien, entre djihadistes et rebelles ? Non ! Ils sont les mêmes, répond un notable du nord du Mali, avant de poursuivre pour étayer sa réponse : « Mêmes hommes, même combat pour la conquête d’une partie du territoire, mêmes appuis que sont certains voisins et vrais faux amis de notre pays, pour ne pas les qualifier d’hypocrites ».

Exact ! La force Barkhane découvre régulièrement des arsenaux de guerre appartenant au duo d’enfer rebelles/djihadistes et qui ne tombent pas du ciel. Cet arsenal a traversé des États voisins qu’il convient de qualifier de complaisants ; si non, aucun État n’accepte que des armes étrangères entrent dans son pays, même pour le traverser. Le président de la République et son gouvernement sont seuls responsables de la désintégration en cours du pays. S’agit-il d’un complot dont ils sont les investigateurs sans le savoir ? Nous doutons qu’ils ne comprennent qu’ils ont participé ou favorisé la partition de fait du pays à cause de leur mauvaise gestion. Que reste-t-il à espérer de nos gouvernants actuels ? Ils n’ont aucune solution. S’ils en ont, ils n’ont qu’à les appliquer, alors, seulement en ce moment, on ne doutera plus de leur bonne foi.

Le Mali, dans toutes ses composantes, curieusement attend avec une patience incompréhensible que le sort national soit scellé, pire qu’en 2012. En 2012, l’armée se battait sans moyens. Aujourd’hui, l’armée a, semble-t-il, les moyens, du moins a été dotée de moyens humains, financiers et matériels, à travers la Loi de programmation militaire. Où sont alors passés tous les budgets militaires d’équipement depuis 2014 ? 8.000 milliards de dépenses publiques de 2014 à 2017. Résultat : le pays s’est effondré davantage. A cause de l’insécurité grandissante et récurrente, des milliers de Maliens meurent comme des mouches. La vie humaine est sacrée. Si on pouvait arrêter tout ce folklore et faire face aux vrais problèmes du Mali, on aurait atténué la souffrance au centre et au nord du Mali.

Incapacité ou mauvaise foi ? Dans tous les cas, c’est le Mali qui perd. Il est temps que les Maliens se rassemblent. De grâce, ayons sur nos consciences tous ces morts et souffrances des populations qui n’aspirent qu’à la paix. Les Maliens sont fatigués de cette situation insoutenable. Il faut agir pour trouver des solutions idoines pendant qu’il est encore temps. Au Mali, on a tendance à déplacer les problèmes au lieu de les résoudre. Ça montre, encore une fois, l’incapacité des dirigeants. On est dans une sacrée merde. Oh Dieu, que peut-on encore espérer de nos gouvernants actuels ?

Aliou Touré

Le Démocrate