On peut l’appeler Séliba, Tabaski, aid-el kébir ; on peut même l’appeler fête des moutons même si les moutons à juste titre diront que ce n’est point leur fête. Il est cependant clair que toutes les appellations se résument en une seule chose, un seul fait : le sacrifice d’Abraham qui pour prouver sa fidélité à Dieu était sur le point de sacrifier son fils bien aimé Ismaël. Heureusement qu’en lieu et place de ce fils, Dieu fit apparaitre un bélier tout blanc des buissons et ce bélier fut immolé sur le champ.

En ce jour solennel  de Tabaski où après la mosquée  tu vas sacrifier ton bélier, rappelle-toi que tu accomplis toi aussi l’acte d’Abraham. Ne pense pas seulement à l’aspect festif de ce sacrifice mais, médite seulement un peu sur le  sens de l’intervention de Dieu. Alors, aisément tu comprendras que le Tout Puissant dans sa grandeur et sa magnanimité a fait préserver une vie humaine en empêchant Abraham le Pieux, le Prophète de tuer son fils. Ce n’était pas seulement son fils mais c’était aussi un enfant, un innocent. A travers une réflexion approfondie, tu comprendras que Dieu a voulu montrer combien la vie humaine est chère et mérite d’être protégée. Sans doute tu seras convaincu que le créateur ne banalise pas la vie d’une personne sinon, pourquoi n’aurait-il pas laissé Abraham tuer son fils ? L’un de ces messages que nous recevons à travers ce sacrifice d’Abraham,  c’est que la vie de l’innocent, la vie de l’enfant bénéficie de la protection de celui qui nous donne la vie. C’est le sens même de la préservation de la vie d’Ismaël.  Malheureusement, nous vivons un temps où certains fanatiques au nom de ce même Dieu tuent leurs semblables comme si cela était une ordonnance divine. Ils vont jusqu’à se considérer comme les bras armés de Dieu. Il est regrettable de voir d’autres hommes piller leurs prochains, enlever tous leurs biens, brûler leurs habitations et penser qu’ils font la volonté de Dieu. Non, c’est de la folie. Le bélier qui est livré à Abraham est d’une grande signification. Il est inimaginable de constater que beaucoup parmi ceux qui sacrifient leur mouton ne voient que la viande qu’ils mangent et perdent de vue la grande manifestation divine. Et pourtant à travers le sacrifice, on se rend compte de la supériorité de la vie humaine et de l’intérêt que Dieu a mis en la personne pour commander aux autres créatures. Donc, toi chef de famille, en immolant ton mouton, tu dois savoir que tu es un imitateur et que le bon Dieu t’utilise pour faire le bien et t’éloigner du mal. Ton rôle, c’est de t’éloigner de ceux qui font le mal devant ta porte, dans ton pays et qui sèment partout où ils passent la graine de la haine et de la discorde. Toi chef de famille, le bélier blanc que tu immoles pour implorer le pardon de Dieu ne doit pas être un sacrifice de façade. Toi qui détournes les deniers publics, toi qui méprises et exploites les pauvres et les innocents, toi qui uses de violences, toi qui mens, violes et détournes les femmes d’autrui, ton sacrifice n’a aucun sens parce que tu amuses la galerie. Malheur à toi car Dieu te punira. Allah n’a  que faire de ton offrande parce que tu es rebelle à son message et ton sacrifice est couvert d’hypocrisie. Toi qui ne sacrifies pas un mouton mais qui en mange la viande, le message est pour toi aussi et  tu dois préserver toutes les valeurs  humaines devant l’Eternel.

Si en immolant leurs moutons de fête les uns et les autres pouvaient se rappeler le message d’amour que Dieu leur a envoyé, les horreurs auxquels nous assistons tous les jours disparaitraient. Malheureusement beaucoup de personnes ont le cœur endurci comme celui du pharaon au point de fermer leurs oreilles au message exprimé par  le sacrifice d’Abraham.

Fêtons bien la tabaski mais méditons aussi sur le sens du sacrifice d’Abraham.

M. M Dembélé

Source: Ségou Tuyè