Le Chef d’état-major général de l’Armée française, Général François Lecointre, a fait, la semaine dernière, cette déclaration fracassante sur la chaîne d’information CNEWS : ‘’Si on n’est pas là, si on part demain et si avec les Européens qui nous accompagnent dans la gestion de cette crise très grave, nous n’agissons pas, ces pays s’effondreront sur eux-mêmes, le terrorisme s’y développera de façon incontrôlée, pourra éventuellement gagner et s’exprimer ensuite en France et en Europe et, par ailleurs, on connaîtra des phénomènes de migration absolument phénoménaux’’, a-t-il souligné.

 

Cette déclaration du général Lecointre sonne à tout point de vue comme un odieux chantage. Un chantage permanent de la part de la France à l’endroit des pays du Sahel en général et du Mali en particulier, que l’élite gouvernante   complice n’a pas le courage de dénoncer. Pour ses seuls intérêts.

Au moment où des voix s’élèvent pour s’interroger sur la présence des militaires français au Mali, voire au Sahel, il faut trouver des arguties pour justifier cet accompagnage par la phraséologie grandiloquente et  démagogique. De Serval à Barkhane, il y a des vérités que la France veut cacher.

La présence française au Sahel n’a pas empêché des tueries de masses au Mali et au Burkina-Faso, où des communautés ont été instrumentalisées pour s’entretuer. Les centaines de morts avec les nombreux déplacés au Mali et au Faso ne signifient certainement pas grand-chose aux yeux du chef d’état-major général de l’Armée française.

La grave situation au Sahel est l’une des conséquences de la ‘’guerre stupide’’ pour reprendre l’expression d’un autre général français que la France et ses alliés ont menée en Libye pour avoir la peau du Colonel Kadhafi. Le Chef de l’état-major général de l’Armée française n’a pas le courage de reconnaitre ce ‘’terrorisme d’Etat’’, pratiqué en Libye par son propre pays.

Le général Lecointre n’a pas le courage de déclarer publiquement que son pays a livré Kidal aux petits aventuriers du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla). Il ne dira pas non plus le soutien apporté par la France aux responsables du Mnla qui ont ouvert la porte du Mali à d’autres forces qui, en dépit de l’état de faiblesse de l’armée malienne, se cachaient entre les dunes de sable.

L’opération Barkhane vise plus à protéger les intérêts vitaux de l’ancienne puissance coloniale qu’à protéger les citoyens du Sahel. Les agissements de la France sont loin d’être sincères au Mali et au Sahel. Le général François Lecointre n’a pas aussi le courage d’avouer que cette situation au sahel fait vivre de nombreuses multinationales françaises. Un seul exemple parmi tant d’autres : Total a connu au Mali de 2013 à nos jours une expansion incroyable à travers des stations d’essence qui poussent au bout des rues comme des champignons. Ayez le courage de dire la part des contrats de la Minusma qui revient aux entreprises françaises !

Les officiels français ne peuvent pas aussi rendre publiques les pressions exercées sur le gouvernement du Président Ibrahim Boubacar Kéïta afin qu’il retire arbitrairement le marché de confection de passeport à une société canadienne pour le confier une entreprise française.

La présence française au Sahel s’inscrit dans un projet futuriste dont le but ultime est de s’assurer du contrôle de l’une des régions les plus riches du monde. De nombreux spécialistes sont unamines que le Sahara est très riche en pétrole, en gaz, en ressources minérales (uranium, cuivre, fer, manganèse, phosphates etc), en énergies renouvelables sans oublier les ressources hydrauliques.

Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger