Le PRVM-Fasoko invite le gouvernement ‘’à la mise en place rapide des mesures de confinement des localités infectées’’. Cela ‘’au regard de la situation géographique du Coronavirus au Mali’’, argue-t-il dans un communiqué rendu public le 4 avril 2020.

 

Le Président du Conseil supérieur de la diaspora malienne, Mohamed Chérif Haïdara, propose de confiner les localités où le virus a été signalé dans la région de Kayes. Il propose aussi un cordon sanitaire autour de Bamako pour freiner les chances et la chaîne de contamination.

Le ministre de l’industrie et du commerce, Mohamed Ag Erlaf, a signé la décision n°2020-50/MIC du 07 avril 2020 portant heures d’ouverture et de fermeture des marchés pendant la période allant du 07 avril au 30 juin 2020. Les marchés de détail, de légumes et de bétail sont ouverts de 6 à 16 heures du lundi au dimanche. Les alimentations et supermarchés de 08 à 19 heures de lundi au samedi. Les boutiques de proximité de quartier de 6 à 20 heures.

Au Bénin, le chef de l’Etat a rejeté l’idée d’un confinement général de la population. Selon Patrice Talon, les mesures de confinement général seraient contre-productives et auraient pour conséquence d’affamer tout le monde à la fois et trop longtemps. ‘’Contrairement aux citoyens des pays développés d’Amérique, d’Europe et d’Asie, la grande majorité des Béninois ont un revenu non salarial. Combien de personnes au Bénin ont un salaire mensuel et qui peuvent attendre deux, trois ou quatre semaines sans travailler et vivre des revenus du mois ? […] Comment peut-on, dans un tel contexte où la plupart de nos concitoyens donnent la popote avec les revenus de la veille, décréter sans préavis, un confinement général de longue durée ? ‘’, s’est –il interrogé.

Les décisions que les autorités doivent prendre, doivent impérativement tenir compte des réalités des populations. Les dirigeants des pays de l’Afrique de l’ouest notamment, ceux du le Mali, ne doivent pas prendre des décisions à la Française ou à l’Italienne. Dans l’application des mesures prises, il faut inclure une certaine souplesse pour éviter un mécontentement généralisé pouvant déboucher sur des manifestations violentes contre les autorités en place.

Les experts du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère français des Affaires étrangères ont bien analysé la situation et s’interrogent sur l’impact négatif de la crise du Covid 19 en Afrique. Dans une note intitulée : ‘’l’effet pangolin : la tempête qui vient en Afrique ? ‘’, le CAPS n’hésite pas à évoquer un possible effondrement de certains régimes : ‘’la crise de trop, qui déstabilise durablement, voire qui met à bas des régimes fragiles (Sahel) ou en bout de course (Afrique centrale) ‘’.

Pour des économies basées essentiellement sur l’informel, il faut se méfier de dispositions qui pourraient asphyxier une frange importante de la population en l’absence de mesures d’accompagnement fortes. Il est quasi-impossible de croire que les mesures de confinement peuvent porter fruits au Mali. De même, il serait difficile pour le gouvernement du Président Ibrahim Boubacar Kéïta d’observer une certaine fermeté quant à l’ouverture et la fermeture des alimentations et marchés permanents à bétail, les pharmacies, stations-services d’hydrocarbure, les boulangeries et boutiques de quartiers comme l’a recommandé le Conseil national des prix.

Dans un contexte de précarité général comme c’est le cas actuellement au Mali, il est illusoire de décréter des mesures de confinement qui ne seront jamais suivies. Pis, elles pourraient contribuer à mettre davantage l’Etat à terre.

Chiaka Doumbia

Le Challenger