La situation sociopolitique se dégrade davantage,faute de dialogue. Pouvoir et M5-RFP radicalisent leurs positions respectives. Auréolés par les bénédictions de la Cedeao et de la France,le Président de la République et sessoutiens ont opté pour la répression des manifestations et l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire pour étouffer les contestations qui paralysent le pays depuis plus de deux mois. Le discours tenu parIBK après la prière de Tabaski et la nomination d’un Me Kassoum Tapo à la tête du ministère de la Justice étaient déjà annonciateurs de cette option des tenants du pouvoir.

 

La mise en place d’une équipe de six membres aux postes de souveraineté le 27 juillet dernier  vise à isoler davantage l’Imam Mahmoud Dicko et le M5-RFP.Sa composition est perçue comme une façon de s’attirer le soutien du Chérif de Nioro du Sahel, Mohamed Ould Bouyé Haïdara. Ce dernier a d’ailleurs reçu hier le médiateur de la Cedeao au Mali, l’ancien président nigérian, Good Luck Jonathan.

De son côté, le M5-RFP maintient sa revendication principale, à savoir : la démission pure et simple du Président de la République et son régime. La grande mobilisation du mardi 11 août ainsi que l’occupation de la Place de l’Indépendance par les manifestants jusqu’à leur dispersion à coups de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre, hier mercredi vers 8 heures, attestent à suffisance la forte détermination des militants en dépit des manœuvres visant à diviser le mouvement. Les tueries des 10, 11, 12 et 13 juillet 2020 et les arrestations des jeunes leaders du M5-RFP n’ont en rien entamé cette détermination. Le M5-RFP a même élargi sa base à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Sékou Niamé Bathily, un jeune cadre du Rassemblement pour le Mali (RPM), appelle le président IBK à ouvrir les yeux. «Mon Président, n’écoutez pas ceux qui vous font croire qu’ils sont vos amis et vous poussent à engager un bras de fer dont on ne peut prédire la finalité.Il faut un dialogue franc et direct sans intermédiaire entre vous et le M5-RFP en présence de l’imam Dicko.‘’Donidoni Tétotokola’’.

Régissant à l’intervention télévisée du Président IBK après la prière de Tabaski, le président du Parti Yelema, l’honorable Moussa Mara a écrit : «Il faut arrêter de menacer les leaders du M5 – RFP.C’est contreproductif et cela radicalisera les positions, autant de situation qui rapprochera le pays du gouffre.Le Président doit se détromper, le M5 est un thermomètre, le casser ne fera pas baisser la fièvre et tant que celle-ci est vive, le risque pour le pays est grand».

C’est pathétique de s’accrocher à la communauté internationale…

Les positions sont ainsi affichées par les deux camps dressés face à face comme des chiens de faïence. La Cedeao a échoué dans la mission de médiation. Les stratégies de diabolisation de l’Imam Mahmoud Dicko avec des arguments spécieux ainsi que les tentatives visant à l’arrêter ont lamentablement échoué.

Le président IBK et ses parrains internationaux devraient se détromper ! La crise est si profonde et les Maliens ont compris que les bricolages en cours sous l’égide de la Cedeao ne feront qu’enfoncer le pays.IBK a perdu toute légitimité à cause de sa gouvernance chaotique et erratique à poser des actes concrets allant dans le sens de la préservation des intérêts du Mali. Même Moussa Traoré, qui détient le record de longévité au pouvoir – 23 ans  n’a pas été autant contesté et décrié. S’accrocher à la communauté internationale, c’est vraiment pathétique.

Source : Le Challenger