Née de l’exigence faite au président Ibrahim Boubacar Kéïta de démissionner de ses fonctions pour incapacité notoire, la situation sociopolitique du Mali ne s’améliore point. Le M5-RFP encourage ses militants à poursuivre les actes de  désobéissance civile. Ce sont de véritables scènes de guérillas urbaines qui se déroulent dans certains quartiers de la capitale.

 

Débordées, les forces de sécurité peinent à les contenir. La ville tourne au ralenti. La psychose s’empare des Bamakois. La Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest a dépêché à Bamako une mission de médiation conduite par l’ancien président nigérian, Good Luck Jonathan.

Les tirs à balles réelles sur des manifestants à mains nues ont complètement disqualifié le président IBK et ses sbires à jouer désormais un quelconque rôle  au Mali. Ni Alpha Oumar Konaré ni Amadou Toumani Touré, ses illustres prédécesseurs, n’avaient osé s’octroyer cette liberté, malgré la gravité   des crises auxquelles ont été confrontées leurs gouvernances respectives.

Le point de non retour est atteint avec ces tueries mais aussi la volonté manifeste de transformer Badalabougou et les alentours de la résidence et de la mosquée de l’Imam Mahmoud Dicko en zone de guérilla.

Parmi les leaders du M5-RFP arrêtés puis relâchés, ceux proches de l’Imam Dicko ont subi les pires traitements. En dépit de son attachement à la non-violence, l’Imam Dicko est la cible principale des forces de sécurité envoyée par le régime d’IBK, qui a commis le sacrilège d’ouvrir le feu sur les manifestants devant la mosquée.

Il est heureux de constater que certaines forces de la majorité présidentielle commencent à comprendre. Telle l’ADP-Maliba d’Alou Boubacar Diallo qui s’est retirée de la majorité présidentielle. En toute responsabilité ! La Codem et le Parena n’ont pas voulu défendre l’indéfendable. Même si le parti du bélier blanc de Tiébilé Dramé, une formation politique à l’avant-garde des combats pour la démocratie et la liberté, semble prôner une chose et son contraire : il  affiche son attachement au respect de l’ordre constitutionnel mais cautionne l’acte anticonstitutionnel et illégal du président IBK sur la dissolution de la Cour Constitutionnelle !

En revanche l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, l’un des architectes de la réélection controversée du Chef de l’Etat, a clairement pris position pour la dissolution de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle. Le Président de l’ASMA-CFP n’est pas hostile à une transition avec sa tête le président IBK, même si sa formation politique a été la plus grande victime des tripatouillages opérées par la Cour constitutionnelle lors des élections législatives.

Avec ces tueries, toute volonté de composer avec IBK de la part du M5-RFP et de son autorité morale constituerait une trahison de ces jeunes gens aux mains nues tombés sous les balles assassines des forces de sécurité, dont les responsables ont trahi leur serment. Leurs mains sont tachées du sang frais de jeunes morts tout simplement en se battant pour que le Mali soit mieux gouverné.

Le M5-RFP et son autorité morale ne peuvent non plus accepter les bricolages proposées par la Cedeao comme solutions et soutenues aveuglement par les Nations Unies, l’Union africaine, l’Union Européenne, la France et les USA. Si la communauté internationale continue à soutenir un président décrié, le plus grand risque pour la France, les Nations Unies est qu’elles redeviennent des cibles de la colère populaire après les manifestations de 2019 contre leur présence au Sahel. Partout sur la planète terre !

Le Mali a besoin d’une vraie transition politique pour refonder la gouvernance et créer cette confiance entre les institutions de la République et les citoyens. Il faut isoler le président IBK et son clan jusqu’à ce qu’ils acceptent de rendre sa démission. Ce sera le coup d’envoi d’une œuvre de salubrité publique contre tous ceux qui ont abusé avec arrogance de la confiance du peuple malien.

Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger