Le mémorandum du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) continue de susciter des réactions au sein de l’opinion, surtout des soutiens du président de la République. Censées être non négociables, les propositions de sortie de crise du M5-RFP retirent à, Ibrahim Boubacar Kéïta l’essentiel des pouvoirs, le cantonnant à un rôle honorifique durant le reste de son mandat.

 

L’Action Républicaine pour le Progrès- ARP – de Tiéman Hubert Coulibaly ‘’constate la posture de fermeture du M5-RFP et dénonce toute action qui s’apparenterait à un pronunciamiento et une mise à bas de la République’’.

La Convergence des Forces Républicaines – CFR-«dénonce la volonté de déstabilisation des Institutions au moment même où des négociations sont en perspective grâce aux efforts de la Communauté Internationale et aux nombreuses médiations nationales’’.

Selon les Partis et Regroupements Politiques de la Majorité Présidentielle, ‘’la plupart des propositions contenues dans le mémorandum s’apparentent davantage à un schéma de conquête du pouvoir par des voies non constitutionnelles que de propositions avec des chances réelles d’aboutir à l’apaisement du climat social et à une sortie de crise’’.

A son retour de Nouakchott, où il prenait part au Sommet du G5 Sahel en compagnie d’autres chefs d’Etat, le président IBK a reçu l’imam Mahmoud Dicko qui lui a remis le mémorandum du M5-RFP. Mais, contre toute attente, révéla par la suite le dignitaire religieux, ‘’IBK m’a demandé d’abandonner la lutte, de quitter le M5-RFP. Et il m’a proposé des départements ministériels et autres privilèges. J’ai refusé en lui disant qu’il ne s’agit pas d’une question de départements ministériels ou de privilèges. Je ne suis ni intéressé par des postes ministériels ni de privilèges : je resterai Imam. Il s’agit de la vie de la Nation. Il s’agit du Mali. IBK m’a dit que c’est par estime pour moi (Imam) qu’il n’a pas encore formé son Gouvernement et non parce que le M5-RFP fait des manifestations….’’, peut-on lire sur la page Facebook de la CMAS.

Ou le président IBK ne compte pas céder aux exigences du M5-RFP. Ou il veut attirer les négociateurs vers lui afin de peser davantage dans la balance. En tout cas, les extrêmes sont affichés. Et la stratégie de détacher l’Imam Mahmoud Dicko du M5-RFP a lamentablement échoué. Cela donne de l’espoir. Car, depuis le rassemblement du 5 juin, on a noté qu’il y a des patriotes qui ont pris conscience de la gravité de la situation dans laquelle se trouve le Mali en s’engageant dans la lutte. On a aussi noté qu’il ya des patriotes qui aiment le Malimais qui ont opté pour la neutralité.

L’heure est plus que grave. On a l’impression que le président IBK n’est plus en mesure de reprendre les choses en main en dépit des tractations visant à lui offrir une issue honorable. Son entourage et lui peinent à faire une bonne lecture de la situation. « Le diagnostic du mal-être est réel. Ne pas y faire face en tentant des subterfuges et autres stratagèmes de division est une fuite en avant dont les conséquences peuvent être terribles. Dieu préserve notre patrie !», a posté sur sa page Facebook Aguibou Bouaré, syndicaliste et président de la Commission malienne des droits de l’homme.

Dans ce genre de situation, il serait hasardeux deréévaluer ses forces : soit IBK neutralise le M5-RFP, soit c’est le M5-RFP qui le neutralise. Le rapport des forcessera un facteur décisif. Si la prochaine sortie du M5-RFP mobilise plus, les manifestants rejetteront le mémorandum et exigeront la démission pure et simple du Président de la République. Aussi, IBK doit-il agir vite. Demain risque d’être trop tard !

Source : Le Challenger