L’agir du Malien donne l’impression que ce pays ne traverse pas une crise sécuritaire qui doit donner à craindre pour l’avenir de toute la nation. Au lieu de songer à la patrie, chacun ne vise que ses propres intérêts. Obligeant à nous demander où est passé le sens d’humanisme du Malien.

Des cortèges de mariages, des concerts géants, des détournements colossaux de fonds publics ; bref, que de l’extravagance pendant que le pays brûle à grand feu. La crise sécuritaire, chacun en parle autour du thé dans son petit coin de la rue, mais elle ne prive personne de son sommeil. Parce que cela ne constitue aucunement un  souci. Ces crises sont, à leurs yeux, un problème pour les autorités et de ceux qui vivent dans ces régions touchées par elles.

On pense aux autorités. Mais de quelle autorité s’agit-il justement puisque dans ce pays, rares sont les hommes politiques, acteurs de la société civile, voire d’associations sorties de nulle part et se disant porte-voix des populations victimes d’une mauvaise politique de gouvernance et de démographie, qui ont pour ambition réelle la lutte contre cette crise qui inquiète et surprend, même les cadavres des ancêtres de ce pays.

En effet, une période de crise sécuritaire, dans un pays où règne véritablement l’humanisme, se reconnait dans l’agir de ses hommes. Comment rester tranquille avec soi-même sachant que des frères et sœurs sont chaque jour en train de subir toutes les formes d’atrocités dans une autre partie du même pays ? Comment rationnellement et moralement rester stable quand nous savons que pendant que nous célébrons nos mariages à l’allure de cortège présidentiel, des frères sont affamés parce que ne pouvant pas sortir par peur du crépitement des armes dans leurs rues ?

La tragédie de Mondoro et de Boulkessy, la semaine dernière, ajoutée aux précédents cas intervenus au cours de cette année 2019, voire depuis le début de la crise, en 2012, devrait fortement interpeler  la conscience des Maliens. Sauf que nous devons nous demander si réellement le Malien a encore une véritable conscience. S’il en a, c’est qu’il s’agit juste d’une conscience spontanée qui réagit juste au gré des événements et se limite là. Cette conscience bestiale est d’une moindre importance pour le Mali à l’état où les choses se trouvent. Sans conscience réflexive, c’est la dérive.

La plaie béante et toujours saignante du Mali interpelle le sens élevé d’humanisme du Malien. On ne peut pas continuer à faire le tam-tam pendant que la famille voisine est en train de se consumer. Se comporter de la sorte, c’est faire preuve d’inhumanité. Chose qui est contraire à la raison humaine. Nous sommes des êtres rationnels, c’est pourquoi nous devons nous sentir concernés par le problème d’autrui. C’est ce sens élevé d’humanisme qui démontre le degré de patriotisme des citoyens. Sans cette vertu cardinale, nul besoin d’espérer sur l’avenir de ce pays tombé entre les mains des ennemis déterminés à ne laisser que de la cendre.

Certes, selon un adage bambara, quand survient la tempête, c’est sauve qui peut. Mais notre sens d’humanisme doit nous inviter à porter assistance aux plus faibles, à nos frères et sœur, en nous mettant dans leur position afin de comprendre l’effroi qu’ils traversent afin qu’ensemble nous puissions parvenir à une solution commune. Pour ce faire, il convient d’enterrer les conflits d’intérêts pour sauver la mère patrie.

Aujourd’hui, si le Mali est tombé si bas, c’est ces comportements individualistes développés de part et d’autre qui en sont responsables. Chacun, autorités aussi bien que citoyens, ne vise que ses propres intérêts. Cette course acharnée vers l’individualisme a fait oublier la patrie et l’a exposée aux ennemis. Car, « la nature a horreur du vide », dit-on.

Il faudrait changer de façon d’agir si nous voulons laisser à nos descendants un pays qui se nomme Mali.

TOGOLA

Source: lepays