ligne de force : le départ très improbable de SBM

Jamais un Premier ministre malien n’a été confronté à autant d’adversités mues par le projet commun d’abréger sa mission que Soumeylou Boubèye Maïga.

Il est dans le viseur à la fois de l’imam Mahmoud Dicko, du Chérif de Nioro, Bouyé Haïdara et de l’opposition radicale, conduite par Soumaïla Cissé.

S’ils partagent le même but, ils n’ont pas les mêmes motivations.

Le président controversé (on le dit en disgrâce) du Haut Conseil Islamique compte faire payer amèrement au Premier ministre la suppression de sa juteuse « Commission des bons offices » (elle était dotée de la coquette enveloppe de 700 millions de FCFA). Qui plus est, la vocation lui était prêtée de servir de passerelle entre son président et les chefs jihadistes du Nord et du Centre pour préparer l’avènement de la République Islamique au Mali. D’où l’appel récurrent de Mahmoud Dicko au retrait des troupes françaises au motif que « les Maliens peuvent trouver par eux-mêmes la solution à leur problème sécuritaire sans l’aide d’une puissance extérieure « .

Officiellement, le très respecté Guide des hamallistes a pris en détestation l’actuel chef du gouvernement depuis la désastreuse tentative de reconquête de la ville de Kidal, en mai 2014, lorsqu’il était ministre de la Défense, même si une commission d’enquête parlementaire l’a blanchi dans ce dossier. Dans les faits, le rejet de Soumeylou Boubèye Maïga par Bouyé Haïdara procèderait de ce que le premier fait figure de bouclier protecteur que le second entend briser pour atteindre IBK, son vieux complice devenu, par les vicissitudes de la vie politique, son ennemi juré.

La même perception prévaut au sein du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) exacerbée par la rivalité tenace entre Soumaïla Cissé et Soumeylou Boubèye Maïga, remontant aux années de leur compagnonnage au sein de l’ADEMA.

Le dernier nommé a déjà donné la réplique à ceux-là qui réclament sa tête à IBK : » Ce sont les mêmes qui ont tout fait pour torpiller notre candidature à la présidentielle et, lorsque notre candidat a gagné malgré leurs agissements, ont refusé de reconnaitre sa victoire et entrepris de basculer le pays dans le chaos« .

Une raison suffisante à elle seule pour que IBK ne cède pas à leurs menace, pression, voire chantage de révoquer son Premier ministre en échange d’une promesse de pacification de la scène politique, au demeurant sans garantie.

Au-delà, le contexte de crise généralisée aigue dans lequel se débat le Mali (attaques terroristes, guerre intercommunautaire, banditisme armé, tension de trésorerie, montée des revendications salariales etc.) ne permet pas à l’hôte du palais de Koulouba de s’offrir un cinquième Premier ministre en cinq années et demie.

Enfin, le gouvernement en place travaille sur l’agenda des réformes administratives et institutionnelles avec, en ligne de mire, la date butoir du 30 juin 2019.

Autant de raisons qui portent à croire que ceux qui sont pressés de hisser Soumeylou Boubèye Maïga sur le bûcher doivent encore s’armer de patience.

Saouti Haïdara

Source: l’Indépendant