Le prêcheur et guide de l’association Nourroudine, Bandiougou Doumbia, a fait une vidéo en marge d’un prêche de soutien aux déguerpis de Tabacoro. Devenue virale sur les réseaux sociaux, la vidéo a été largement visionnée et commentée. Avant le déclenchement de toute une procédure judiciaire, le tribunal de Facebook avait déjà jugé et condamné le prêcheur !

 

Même s’il a dénoncé l’injustice érigée en système de gouvernance dans ce pays, il faut reconnaître que le prêcheur Bandiougou Doumbia a franchi le seuil de l’intolérable et de l’inacceptable. Certains de ses propos sont plus que condamnables. Sauf que l’intéressé n’est pas à son coup d’essai, habitué des grands écarts de langage qu’il est !

Qui ne se souvient de ses propos tenus en 2009 à l’endroit de certains hauts dirigeants du pays, après le vote du Code des personnes et de la famille ? Amadou Toumani Touré, président de la République, Pr Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale, Modibo Sidibé, Premier ministre, Maharafa Traoré, ministre de la justice, les honorables Touré Safiatou Traoré et Coulibaly Kadiatou Samaké ont, reçu chacun, sa dose d’insultes à l’époque. Aucune poursuite n’avait été engagée contre lui.

2009 n’est pas 2020. La promptitude avec laquelle les autorités judiciaires ont interpellé le prêcheur Bandiougou Doumbia est à saluer. De tels comportements ne doivent pas prospérer dans une République, même  trébuchante comme c’est le cas actuellement du Mali. Il faut donc encourager les hommes en charge de l’animation de l’appareil de judiciaire à veiller au respect des lois et règlements.

La rigueur de la loi doit s’appliquer désormais à tous ceux et toutes celles qui sapent les fondements de la République à travers des actes de déviance. Donc, pas d’application sélective de la loi. C’est pourquoi, il faut aussi les interpeller. Le Mali est malade de sa justice. Le peuple malien ne fait plus confiance en sa justice. Les justiciables s’interrogent sur les comportements de certains acteurs de la chaîne judiciaire. L’une des causes du délitement de l’Etat au Mali est la mauvaise distribution de la justice. Cela est connu de tous, y compris ceux et celles qui ont été investis de la mission de rendre la justice au nom du peuple.

Une justice aux ordres où les décisions sont téléguidées depuis les bureaux des ministres ou autres responsables n’en est pas une. Une justice instrumentalisée pour emprisonner les adversaires politiques ou les opposants n’en est pas une. Une justice où certains magistrats monnayent les décisions n’en est pas une.

Que les magistrats (du siège ou du parquet, du juge administratif ou du commissaire du gouvernement) gardent toujours en tête, en tout lieu et en toute circonstance, qu’un magistrat a comme boussole la loi et sa conscience ! Qu’ils aient le courage de dire Non ! Qu’ils aient le courage de démissionner ! Qu’ils refusent d’accepter l’inacceptable ou de cautionner l’injustice qui sape les fondements de la République !

Le jour où la justice sera juste, le Mali se portera mieux. Car tout le monde, du riche au pauvre, du puissant au faible, du gouvernant au gouverné, fera attention à ce qu’il fait.

Gageons que notre justice soit juste !

Chiaka Doumbia

Source: Le Challenger