La question migratoire représente désormais “l’épreuve du feu” pour la cohésion de l’Union européenne, a affirmé mercredi la chancelière allemande Angela Merkel, aux côtés du Premier ministre Charles Michel (MR) qu’elle recevait à Berlin. Tous deux ont reconnu la nécessité de traiter avec les pays d’origine des migrants.

Avant toute chose, “il est important que l’Allemagne ne fasse rien de manière unilatérale et continue à rechercher une procédure européenne commune” sur la politique d’asile, a souligné Angela Merkel, mise sous pression par l’aile bavaroise ultra-conservatrice (CSU) de son cartel CDU-CSU.

La chancelière, qui gouverne avec les sociaux-démocrates du SPD, a fait cette déclaration quelques heures après que les ministres italien, autrichien et allemand de l’Intérieur – ce dernier étant le CSU Horst Seehofer -, tous trois considérés comme des faucons sur la question migratoire, ont annoncé la constitution d'”un axe des volontaires” pour s’attaquer à l’immigration clandestine, ajoutant à la cacophonie européenne sur le sujet.

Sur cette question migratoire que les chefs d’État et de gouvernement de l’UE aborderont au sommet européen de fin juin, Charles Michel a eu l’occasion de développer auprès d’Angela Merkel la ligne du gouvernement belge, lui qui au contraire de son secrétaire d’État Theo Francken ne considère pas encore que “le règlement de Dublin est mort“.

Des hotspots, centres d’orientation des migrants

La position du gouvernement belge passe, comme le souhaite la Commission européenne, par une réforme de la procédure de Dublin qui assure une solidarité de tous les pays de l’UE dans la prise en charge des réfugiés, ainsi que par un renforcement des contrôles aux frontières extérieures via l’agence Frontex.

Mais le Premier ministre Charles Michel plaide aussi pour des centres d’orientation des candidats à la migration, organisés par l’Union européenne dans des pays hors UE. Dans ces “hotspots” qui ne veulent plus vraiment dire leur nom, les candidats seraient informés des conditions d’asile dans les pays européens et sur la recevabilité de leur demande. Pour ceux qui seraient acceptés, une voie d’entrée légale en Europe serait ainsi organisée.

Cette piste avait déjà été soutenue l’an dernier par le président français Emmanuel Macron lorsqu’il envisageait d’en développer en Libye, avant de rétropédaler. Elle nécessiterait de passer des accords avec certains pays d’Afrique de l’Ouest, avec lesquels les Européens accentueraient leur coopération au développement économique.

Il faut montrer que ça vaut le coup de rester en Afrique

Il s’agit d'”organiser de manière ordonnée, légale et régulière cette question très sensible dans beaucoup de pays de l’Union“, a affirmé M. Michel. La chancelière n’a pas rejeté cette dernière piste, mais elle évoque plutôt des centres d’information sur les dangers de la migration. “Il faut éviter qu’il y ait des points partout en Afrique où demander l’asile“, a-t-elle fait observer.

Pour autant, elle insiste comme Charles Michel sur l’importance de l’aide au développement économique. “Il faut donner des perspectives économiques, montrer que ça vaut le coup de rester en Afrique“, a-t-elle commenté, confirmant que l’UE doit “parler avec les différents pays d’origine“.

L’entretien entre les deux chefs de gouvernement aura duré une bonne heure. Ils ont aussi évoqué la proposition de budget pluriannuel de l’Union, les questions commerciales compliquées par l’attitude des Etats-Unis, ou encore l’Union économique et monétaire et l’avenir de la zone euro.

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