Jamais deux sans trois? Les Européens pourraient être à nouveau confrontés à l’épineuse question d’un report du Brexit, après les rebondissements de la crise politique à Londres.

 

Les députés britanniques ont voté mercredi une proposition de loi imposant au Premier ministre Boris Johnson de demander à l’Union européenne un nouveau délai de trois mois pour le Brexit, prévu le 31 octobre, si aucun accord n’est conclu avec l’UE d’ici le 19 octobre.

Une option qu’a maintes fois totalement exclue le dirigeant conservateur qui a toujours promis un divorce fin octobre, coûte que coûte.

Si un report est effectivement demandé par Londres, “il devra l’être pour une bonne raison” et approuvé à l’unanimité des 27 autres Etats membres de l’UE, a souligné jeudi la Commission européenne. Le prochain sommet européen est prévu les 17 et 18 octobre.

Or le deuxième et dernier report en date s’était fait en avril au prix de difficiles tractations entre les 27. Une partie souhaitait une extension longue -début 2020 pour la chancelière Angela Merkel, report d’un an pour le président du Conseil européen Donald Tusk-, tandis que la France plaidait pour un report le plus court possible.

A l’origine, le Royaume-Uni devait quitter l’UE le 29 mars 2019.

La prochaine présidente de la Commission, l’Allemande Ursula von der Leyen, avait affirmé en juillet être “prête” à un nouveau report de la date de sortie “si davantage de temps était nécessaire”. Elle doit prendre ses fonctions le 1er novembre.

– “De nouvelles bases” –

“Le report pour le report, non. Si c’est pour tourner en rond, non”, a-t-on indiqué de source européenne.

“Si ça découle d’une nouvelle situation politique, comme des élections, un report peut être examiné (…) je pense que ce sera accordé”, ajoute-t-on de même source. “Si c’est pour renégocier sur de nouvelles bases, qui rentrent dans les clous de l’UE, pourquoi pas?”

La secrétaire d’Etat française aux Affaires étrangères, Amélie de Montchalin, a estimé jeudi qu’un nouveau report ne changerait rien au “problème”. “Il faut que (les Britanniques) sachent nous dire ce qu’ils veulent”, a-t-elle déclaré.

Or si Boris Johnson affirme vouloir un nouvel accord avec l’UE, Bruxelles n’a fait état d’aucune proposition concrète britannique pour des négociations, qui achoppent toujours sur la question du “backstop”, filet de sécurité visant à empêcher une frontière physique entre l’Irlande du Nord, province britannique, et la république d’Irlande.

“Est-ce que les 27 chefs d’Etat et de gouvernement ont envie de prendre la responsabilité d’un no deal Brexit? (…) Je ne le crois pas”, a-t-il déclaré à la radio belge La Première (RTBF).

Pour l’expert Eric Maurice, de la Fondation Robert Schuman, “même si les Européens sont prêts à un +no deal+, ils savent qu’il y a un impact économique et social peut-être très fort”.

“Une chose est d’être prêt au choc, une autre est de faire le choix de ce choc”, poursuit-il. Mais “les Européens vont probablement poser quelques conditions supplémentaires. Ils ne peuvent pas dire oui comme ça”.

“Il leur faut trouver une manière de ne pas prendre la responsabilité d’un +no deal+ le 31 octobre tout en essayant de forcer le gouvernement britannique à engager une vraie négociation”, résume-t-il.

Reste à savoir quel serait le résultat d’éventuelles élections anticipées le 15 octobre, souhaitées par Boris Johnson, et de quelle majorité disposera le prochain Premier ministre.

L’accord de retrait négocié pendant 18 mois par l’UE et la Première ministre de l’époque Theresa May a été rejeté à trois reprises par le parlement britannique.

AFP