Donald Trump a déclaré vendredi l’état d’urgence pour renforcer la lutte contre le nouveau coronavirus qui a contaminé plus de 2.000 personnes et fait 47 morts aux Etats-Unis. Partout dans le monde, les pays se replient sur eux-mêmes.

 

Donald Trump avait beau se montrer “très confiant” face au coronavirus, il a fini par prendre la mesure de l’épidémie et réagir. Le président américain a déclaré vendredi soir l’état d’urgence dans le pays, alors que le nombre de cas dans le pays a franchi la barre des 2.000, dont 47 morts. La Chambre des représentants américaine a également approuvé samedi à l’aube, à une large majorité, un train de mesures visant à atténuer l’impact du coronavirus sur l’économie du pays.

L’absence de couverture maladie universelle affaiblit les Etats-Unis face au virus

A couteaux tirés en pleine campagne présidentielle, républicains et démocrates sont finalement parvenus à s’entendre, comme les y avait encouragés le président Donald Trump. Adopté par 363 voix contre 40 par la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, le texte doit désormais être examiné par le Sénat, à majorité républicaine, puis être signé par Donald Trump pour entrer en vigueur.

Selon Mme Pelosi, le texte prévoit “le dépistage gratuit pour toute personne ayant besoin d’être testée, y compris celles qui n’ont pas d’assurance”, ainsi qu’un arrêt maladie d'”urgence”, avec “deux semaines de congés et jusqu’à trois mois d’arrêt pour raison familiale ou médicale”.

Les Etats-Unis n’ont pas de système de couverture universelle pour la santé et des millions d’Américains ne sont pas, ou mal, assurés, tandis que les congés maladie payés ne sont accessibles qu’à une minorité d’employés, beaucoup étant payés à l’heure. Cela rend la société américaine plus vulnérable à l’épidémie, beaucoup de personnes n’étant pas en mesure d’arrêter de travailler pour rester confinées chez elles.

La proposition de loi prévoit également un accès plus aisé à l’assurance chômage, ainsi qu’aux bon alimentaires, notamment pour les enfants privés d’école pour éviter la propagation, et débloque des fonds fédéraux afin de financer le programme “Medicaid”, couvrant la santé des Américains aux revenus les plus modestes.
Ce plan de soutien à l’économie avait été annoncé lundi en grande pompe par Donald Trump, qui avait fait de l’économie l’un de ses principaux arguments de campagne. Il avait ensuite fait l’objet d’âpres discussions avec les démocrates.

Etat d’urgence et soutien aux entreprises

Le président a déclaré vendredi l’état d’urgence, lors d’une conférence de presse dans les jardins de la Maison-Blanche, annonçant “une forte hausse” des capacités à tester le virus aux Etats-Unis, dans le cadre d’un “nouveau partenariat avec le secteur privé”.

Il a également promis une aide fédérale pour les prêts étudiants, qui représentent une lourde charge pour les travailleurs américains dans leurs premières années de carrière. Par ailleurs, les réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis vont être portées à leur maximum. Le président a dit avoir “demandé au secrétaire à l’Energie d’acheter à très bon prix de grandes quantités de pétrole brut pour le stockage aux Etats-Unis”.

Vendredi, le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait assuré que l’administration entendait venir en aide en priorité aux petites et moyennes entreprises qui sont les plus vulnérables en raison du ralentissement très fort de l’activité.

Les compagnies aériennes, durement affectées en raison des interdictions de vol, seront également aidées: “Nous injecterons de l’argent”. Donald Trump a interdit aux voyageurs non-américains d’entrer aux Etats-Unis pendant trente jours à partir de l’espace Schengen. Et la Grande-Bretagne, jusque là épargnée par l’interdiction, pourrait allonger la liste des pays concernés. Le président a indiqué vouloir également aider les croisiéristes, mais a annoncé la suspension des croisières vers l’étranger pour 30 jours.

Steven Mnuchin avait néanmoins tenté de rassurer, affirmant que le coronavirus posait un problème économique de “court terme”, alors que la situation est cette fois très différente de “la crise financière (de 2008, NDLR), dont on ne savait pas quand elle finirait”. “Mais nous surmonterons cela et l’économie sera alors plus forte que jamais”, avait-il anticipé, “l’économie et les marchés seront plus forts, plus tard dans l’année”.

“Jusqu’à 50 milliards de dollars” d’aides aux Etats et collectivités locales

Donald Trump a aussi activé vendredi une loi de 1988, le “Stafford Act”, qui permet à l’Agence américaine de gestion des situations d’urgence (FEMA) d’aider les Etats et les collectivités locales en cas de “catastrophe”. La Fema disposait à la fin février de plus de 42 milliards de dollars de fonds fédéraux, mais le président américain a évoqué des fonds pouvant aller “jusqu’à 50 milliards de dollars”. Dans une lettre, des élus démocrates du Congrès lui avaient demandé mercredi d’activer ce dispositif pour financer à hauteur de 75% des tests de dépistage, des équipements médicaux, des structures de soins provisoires… à charge pour les Etats de payer les 25% restants.

Donald Trump avait déjà invoqué cette loi pour faire face à des catastrophes naturelles, notamment pour venir en aide à la Californie ravagée par des incendies ou après des inondations dans le MidWest. Mais elle n’a servi qu’une fois pour lutter contre une épidémie: en 2000, le président démocrate Bill Clinton s’en était servi pour faire face à l’explosion de cas de contamination au virus du Nil occidental dans le New Jersey et à New York. Les fonds fédéraux avaient financé des mesures d’éradication des moustiques.

Trump s’octroie des pouvoirs extraordinaires

Donald Trump a également eu recours à une autre loi votée en 1976, le “National Emergencies Act”. Celle-ci autorise le président des Etats-Unis à invoquer des pouvoirs extraordinaires prévus dans d’autres textes à condition de préciser lesquels. Par simple décret, la Maison Blanche peut ainsi mobiliser la garde nationale ou réquisitionner des biens.

Cette loi avait servi après les attentats du 11 septembre 2001 pour renforcer les pouvoirs de l’armée. Invoquant une “urgence migratoire”, Donald Trump l’avait activée en février 2019 pour contourner le refus du Congrès de financer un mur à la frontière avec le Mexique. Cette fois, il s’en sert pour étendre les pouvoirs du ministre de la Santé afin qu’il assouplisse le cadre réglementaire pour donner “le maximum de flexibilité” aux hôpitaux (sur le nombre de lits, la durée des séjours, etc) et améliorer la couverture des malades.

Comme le Stafford Act, cette loi n’a servi qu’une fois pour un problème de santé publique: en 2009, le démocrate Barack Obama l’avait invoquée lors de l’épidémie de grippe H1N1 pour lever certaines dispositions du secret médical, ce qui avait permis aux hôpitaux de réagir plus rapidement.

La Tribune.fr