Samedi 24 août, un jeune Afghan de 15 ans a tué un compatriote et blessé deux autres à l’arme blanche dans le camp de migrants de Moria sur l’île de Lesbos, en Grèce. Pour lutter contre la surpopulation des camps, le nouveau gouvernement conservateur veut durcir les politiques migratoires.

dpatop – 25 September 2018, Greece, Moria: Refugees wash themselves at a water point in a temporary camp near the refugee camp Moria. (to dpa “Moria: The camp of shame on the island of Lesbos” of 28.09.2018) Photo: Socrates Baltagiannis/dpa (MaxPPP TagID: dpaphotosthree518346.jpg) [Photo via MaxPPP]
Sur les îles égéennes grecques, le nombre de migrants pris en charge dans les centres d’accueil est au plus haut depuis trois ans d’après l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Samedi 24 août, un Afghan de 15 ans a poignardé à mort un migrant et en a blessé deux autres dans une unité destinée aux mineurs isolés du camp de Moria sur l’île de Lesbos.

Les deux jeunes blessés lors de l’attaque ont été hospitalisés et un quatrième adolescent, également afghan, a été appréhendé par la police alors que le motif de la rixe n’est pas encore connu.

À la suite de ce crime, l’Unicef en Europe et en Asie Centrale a appelé Athènes à déplacer les migrants et les réfugiés hors des îles grecques tout en exhortant les pays de l’UE de renforcer leurs engagements sur la prise en charge des mineurs isolés.

« Urgence oubliée »

Cette année, 22 000 migrants ont déjà rejoint la Grèce. Alors que le pays est redevenu le premier pays d’entrée en Europe, la situation dans les camps d’accueil, particulièrement dans les îles égéennes, est dénoncée par les ONG. Dans un communiqué publié en juin, l’organisation de défense des droits humains Human Right Watch (HRW) parle de « l’urgence oubliée des îles grecques », faisant référence à l’inaction de la communauté internationale et de l’État grec.

Selon HCR, le camp de Moria accueille plus de 8 500 réfugiés soit près de quatre fois sa capacité d’accueil maximale. Sa zone sûre héberge 70 mineurs non accompagnés. Et 500 autres vivent dans les autres parties du camp où ils sont exposés à différentes formes d’exploitation. Au total, environ 23 000 personnes se trouvent sur les îles égéennes. La surpopulation des centres a pour conséquence une dégradation de l’accès aux services. HRW fait état de défauts dans l’accès aux soins et à l’éducation et souligne un ralentissement des procédures de demande d’asile qui durent désormais jusqu’à deux ans.

Durcissement des politiques migratoires

Arrivé au pouvoir en juillet, le nouveau gouvernement conservateur veut mettre en place plusieurs mesures pour désengorger les camps de migrants. Pour les responsables grecs, le grand nombre de migrants économiques – inéligibles au statut de réfugié – est la cause principale des délais de demande d’asile.

L’exécutif a annoncé qu’il avait l’intention de renvoyer les déboutés en Turquie en application du pacte migratoire entre l’UE et la Turquie signé en 2016 puis renouvelé en 2018. Jusqu’alors, les demandeurs d’asile étaient bloqués sur les îles grecques où ils ne pouvaient pas demander leur relocalisation en Europe. L’exécutif espère ainsi réduire à six semaines les délais d’attente maximum avant qu’un dossier d’asile soit examiné.

D’autre part, le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a fait savoir dans un entretien au Monde qu’il soutiendrait un projet de « force européenne de protection aux frontières » pour renforcer le contrôle de ses frontières en coopération avec l’UE.

Le gouvernement affirme par ailleurs vouloir agir pour une meilleure intégration des réfugiés ayant obtenu l’asile. L’ONG grecque Génération 2.0 a quant à elle fait part de son inquiétude. Le parti conservateur au pouvoir est le seul parti à ne pas avoir voulu se soumettre à son questionnaire sur le traitement des réfugiés et des migrants en Grèce lors des dernières élections législatives.

Source: la-croix.com