Le président américain Joe Biden était à Atlanta, en Géorgie, mardi 11 janvier, pour défendre une vaste réforme du droit de vote des minorités.Avec notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin

 

Si les lois sont toujours bloquées au Sénat, c’est en raison des règles de procédure et de majorité renforcée pour les faire passer. Pourtant, très respectueux de la procédure parlementaire, Joe Biden annonce qu’il souhaite changer les règles pour faire passer une réforme électorale.

Au Sénat américain, on appelle cela le « filibuster ». Au lieu d’une majorité simple, il faut une majorité qualifiée, soit 60 voix au lieu de 51 pour faire passer un texte. Une règle qui a pour but officiel de favoriser le compromis bipartisan. Mais le « filibuster » est le plus souvent utilisé pour enterrer les textes, comme c’est le cas avec deux projets de loi censés garantir l’accès au vote et le droit de vote, contre les lois locales qui cherchent à les limiter, surtout pour les minorités.

 

Le président américain a donc pris ce mardi le risque politique de s’attaquer à cette règle du Sénat, car la majorité présidentielle ne dispose pas d’assez de voix pour imposer le texte et n’arrive encore moins à rallier des républicains favorables à la réforme.

« Pour protéger notre démocratie »

 

C’est donc dans le « berceau » des droits civiques, la ville de Martin Luther King, que Joe Biden est venu demander une exception.

 

« Aujourd’hui, je le dis clairement, pour protéger notre démocratie, je suis pour le changement des règles du Sénat, autant que nécessaire, pour empêcher une minorité de sénateurs de bloquer les initiatives sur le droit de vote. Quand il s’agit de protéger la règle de la majorité en Amérique, la majorité devrait décider au Sénat des États-Unis. Et j’annonce ceci après mûre réflexion, car le droit fondamental de voter est le droit dont découlent tous les autres droits », a déclaré le président américain.

Que choisissons-nous ? La démocratie plutôt que l’autocratie. La lumière plutôt que les ténèbres. La justice plutôt que l’injustice. Je sais où je me situe. Je ne céderai pas. Je ne flancherai pas. Je défendrai le droit de vote et notre démocratie contre tous les ennemis, de l’extérieur, et oui, de l’intérieur. La question est : « où l’institution du sénat des États-Unis se situe-t-elle ? » Tout sénateur, démocrate, républicain ou indépendant devra dire où il se situe. Pas seulement pour l’heure, mais pour la postéritéLors de sa déclaration, le président s’adresse aux républicains qui bloquent les textes, mais aussi aux démocrates, dont certains sont hésitants à changer les règles, pour leur demander de prendre leurs responsabilités devant la postérité et ainsi faire voter son projet de réforme électorale. « L’histoire n’a jamais été indulgente pour ceux qui se sont mis du côté de la restriction de l’accès au vote », a-t-il martelé.

Source : RFI