Les deux violentes explosions survenues ce mardi 4 août dans la capitale libanaise Beyrouth ont détruit ou endommagé “près de la moitié de la ville” selon son gouverneur, laissant jusqu’à 300.000 personnes sans domicile. Au moins 100 victimes et 4.000 blessés sont à déplorer.

L’étendue des dégâts se précise peu à peu à Beyrouth, au lendemain de la double explosion survenue dans le port de la capitale libanaise ce mardi 4 août. Les déflagrations ont provoqué au moins 113 morts et 4.000 blessés, tandis que des dizaines de personnes sont encore portées disparues, selon un bilan du gouvernement libanais. Un jour de deuil national a été décrété ce mercredi. “Près de la moitié de [la ville] est détruite ou endommagée“, avec 250.000 à 300.000 personnes se retrouvant sans domicile, a estimé son gouverneur Marwan Abboud. “Les dommages peuvent s’élever à entre trois et cinq milliards de dollars“, a-t-il ajouté, précisant toutefois attendre une évaluation approfondie. Après que Beyrouth a été déclaré “ville sinistrée“, le président libanais Michel Aoun a annoncé débloquer 100 milliards de livres libanaises (55 millions d’euros) de financement d’urgence. Le gouvernement a également annoncé mercredi la mise en place d’un état d’urgence de deux semaines dans la capitale, précisant “[qu’]un pouvoir militaire suprême sera immédiatement chargé des prérogatives en matière de sécurité“.

MACRON SE REND SUR PLACE

Après que la France a affiché sa solidarité et annoncé l’envoi de personnels et matériels en soutien aux autorités, Emmanuel Macron se rendra ce jeudi au Liban pour y rencontrer les dirigeants du pays. De son côté, le Premier ministre Jean Castex a indiqué qu’il réunirait à l’hôtel Matignon ce mercredi à 16 heures “les principaux ministres concernés pour coordonner l’ensemble des secours et aides que nous allons dépêcher sur place“. Cette réunion doit être l’occasion d’”évaluer, en lien évidemment avec les autorités libanaises, les moyens supplémentaires qui leur seront nécessaires“, a-t-il précisé. Le chef de l’exécutif a déjà confirmé l’envoi de trois avions militaires d’assistance transportant “un détachement de la sécurité civile avec un poste sanitaire mobile incluant 6 tonnes de matériel” et “plusieurs médecins urgentistes“, afin de “pouvoir très rapidement prendre en charge au moins 500 blessés“. En plus de la France, les Etats-Unis, le Qatar, l’Iran, et Israël ont aussi offert leur aide.

Les deux explosions étaient d’une puissance telles qu’elles ont été enregistrées par les capteurs de l’institut américain de géophysique (USGS) comme un séisme de magnitude 3,3. Le souffle a brisé les vitres des bâtiments à des kilomètres à la ronde, et a été ressenti jusque sur l’île de Chypre, à plus de 200 kilomètres. L’incident a laissé un paysage apocalyptique dans la zone du port, entre les immeubles éventrés, les voitures calcinées et le sol jonché de valises et de papiers provenant des bureaux avoisinants.

SUBSTANCES EXPLOSIVES

Le Premier ministre libanais, Hassan Diab, a promis que les responsables devraient “rendre des comptes“. Les autorités ont désigné comme cause de l’incident la présence dans le port d’un stock de nitrate d’ammonium, une substance explosive. S’adressant au pouvoir militaire suprême aux commandes de l’état d’urgence, l’exécutif libanais a réclamé mercredi “l’assignation à résidence de toute personne impliquée dans [ce] stockage” depuis l’arrivée de la cargaison à Beyrouth en 2014, sans donner plus de détails sur le nombre ou l’identité des responsables. “Il est inadmissible qu’une cargaison de nitrate d’ammonium, estimée à 2.750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution. C’est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire“, a déclaré le Premier ministre, selon des propos rapportés par un porte-parole. Le directeur des douanes libanais a précisé qu’un entrepôt de feux d’artifices se trouvait à côté du stock de nitrate d’ammonium, et a pointé la responsabilité de la direction du port, comme l’a relayé L’Orient-Le Jour.

Le nitrate d’ammonium est un sel blanc et inodore utilisé comme base de nombreux engrais, et qui entre également dans la composition de certains explosifs. Cette matière a causé plusieurs accidents industriels, dont l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001, où quelque 300 tonnes de nitrates d’ammonium avaient explosé en faisant une trentaine de victimes.

Source : Marianne