La compagnie aérienne française Aigle Azur a annoncé jeudi l’annulation de tous ses vols à compter de vendredi soir, sans dédommagement garanti pour ses clients, et doit trouver un repreneur d’ici à lundi pour ne pas sombrer.

 

La compagnie aérienne française Aigle Azur bat de l’aile. Elle a annoncé jeudi 5 septembre l’annulation de tous ses vols à compter de vendredi soir, sans dédommagement dans l’immédiat pour ses clients, et doit trouver un repreneur dans le week-end pour ne pas sombrer.

« La situation financière de la société et les difficultés opérationnelles en résultant ne permettent pas d’assurer les vols au-delà du 6 septembre au soir », a précisé dans un communiqué la spécialiste des liaisons vers l’Algérie, qui représentent 50 à 60 % de son activité.

L’entreprise a en outre prévenu ses clients devant effectuer un vol retour au-delà de vendredi qu’ils seraient « contraints d’acquérir un autre billet retour. La situation financière de la société ne permet pas de garantir un dédommagement. »

Après avoir interrompu plus tôt jeudi les liaisons en provenance ou à destination du Mali, du Brésil et du Portugal, Aigle Azur a annoncé en fin de journée, d’abord à ses salariés, puis à ses clients, n’avoir d’autre choix que de clouer au sol l’ensemble de ses appareils.

Pour la dernière journée vendredi, 44 vols ont été maintenus, tous à l’exception d’un seul reliant la France et l’Algérie.

Dégradation de la trésorerie

À l’aéroport de Paris-Orly, base principale d’Aigle Azur, la situation était « calme » jeudi matin, « parce que la compagnie a pu prévenir en amont les voyageurs. Il y a juste eu un peu de monde hier avec l’annulation d’un vol sur Bamako », selon la police aux frontières.

Dans une lettre adressée aux salariés, la compagnie assure que « la recherche de repreneurs se poursuit activement. Elle continue durant l’arrêt des vols. »

Le temps presse pour le deuxième transporteur aérien français : les éventuels repreneurs ont jusqu’au lundi 9 septembre à midi pour déposer leur offre.

L’accélération des événements est due à la dégradation de la trésorerie, loin des 25 millions d’euros évoqués en août par l’ex-PDG Frantz Yvelin, selon Martin Surzur, président du syndicat de pilotes SNPL d’Aigle Azur et membre du comité d’entreprise. Frantz Yvelin a démissionné mercredi.

« La vente à la découpe qui s’annonce dans le cadre d’une liquidation qui s’approche, nous la refusons clairement », a déclaré Martin Surzur jeudi soir. « Beaucoup d’acteurs du transport aérien attendent cette liquidation pour faire leur marché au moindre coût, avec un effacement du passif et des dettes. »

Une pépite de 9 800 créneaux horaires

Dans le cadre du redressement, les salaires ne sont plus réglés par la compagnie mais pris en charge par un système de garantie (AGS). Environ 15 millions d’euros sont bloqués en Algérie et « difficilement rapatriables », selon Martin Surzur. Une trésorerie dont la compagnie a désespérément besoin.

Le gouvernement a assuré que l’ambassade à Alger faisait « toutes les démarches possibles » pour faciliter le rapatriement des fonds.

Aigle Azur dispose d’atouts susceptibles d’intéresser un repreneur, plaident ses salariés, notamment des droits de trafic vers l’Algérie qui lui donnent une place de choix sur cette destination. La compagnie dispose surtout d’une pépite de 9 800 créneaux horaires annuels à Orly, où le total pour toutes les compagnies est plafonné à 250 000.

« Le SNPL a demandé au ministre des Transports un rendez-vous urgent avec le Premier ministre à Matignon en présence des acteurs incontournables d’une reprise, Lionel Guérin et Air France », a rapporté Martin Surzur.

Il a ajouté qu’avec « l’ensemble des salariés, nous avons décidé de manifester dès samedi à Orly autant de jours que nécessaires jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée ».

Des anciens dirigeants d’Air France comme repreneurs potentiels

Plusieurs repreneurs potentiels ont fait part de leur intérêt, sans que l’on sache s’ils vont déposer une offre. Parmi eux se trouvent Lionel Guérin et Philippe Micouleau, anciens dirigeants du groupe Air France, selon des sources syndicales. Le nom du groupe Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes, a également été évoqué.

Gérard Houa, un actionnaire minoritaire qui avait tenté un coup de force pour prendre le contrôle de la compagnie fin août, a de son côté dénoncé dans un communiqué « une liquidation dangereuse et illégale » contre laquelle il a « engagé plusieurs actions devant les juridictions compétentes ».

Aigle Azur compte 1 150 employés, dont 350 en Algérie. La compagnie dispose d’une flotte de 11 avions et a transporté 1,88 million de passagers en 2018, année pendant laquelle elle a réalisé un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros.

 NORDSUD JOURNAL