La Française Catherine Geslain-Lanéelle, qui avait axé sa campagne sur une lutte pragmatique contre la faim dans le monde, a été battue par Qu Dongyu pour la présidence de l’organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation

Elle avait battu campagne, défendant une lutte pragmatique contre la faim dans le monde. La Française Catherine Geslain-Lanéelle, candidate de l’Europe, espérait être la première femme à pendre la tête de la FAO, l’agence de l’ONU dédiée à l’agriculture et à l’alimentation. Mais Qu Dongyu, vice-ministre chinois des Affaires rurales de son pays, l’a largement emporté avec 108 voix, contre 71 pour Catherine Geslain-Lanéelle et 12 pour l’outsider géorgien Davit Kirvalidze.

Catherine Geslain-Lanéelle obtient beaucoup moins de suffrages que ce que les observateurs attendaient. Sans doute le résultat de la campagne prodigue menée par la Chine. Le candidat camerounais avait ainsi jeté l’éponge en mars, peu après que la Chine eut décidé d’effacer une dette importante du pays à son endroit. En début d’année, la Chine avait aussi promis un plan d’investissement de 60 milliards de dollars d’aide au continent africain. Lequel amassivement reporté ses suffrages à la FAO sur Qu Dongyu plutôt que sur Catherine Geslain-Lanéelle. « C’est l’argent qui a fait la différence », résume-t-on à Rome, au siège de l’organisation.

Les controverses autour de la candidate française qui avaient émergé dans le Guardian et Le Monde ces dernières semaines, la décrivant comme pro-OGM et inféodée aux intérêts américains, paraissent amèrement contre-productives. La FAO n’aura pas à sa tête une présidente défendant la durabilité de l’agriculture et une alimentation de qualité pour tous. Le nouveau président de la FAO, qui remplace le brésilien José Graziano da Silva, émane d’un pays qui défend bec et ongles ses intérêts dans les institutions internationales.

Un pays en proie à de besoins croissants de nourriture et à une impossibilité à la produire lui-même. Ce besoin vital de sécuriser ses approvisionnements l’a conduit à acquérir massivement des terres – notamment en Afrique –, souvent au détriment des populations locales. Ceux qui ont boudé le menu raisonnable de Catherine Geslain-Lanéelle vont devoir maintenant avaler des couleuvres.

Source: lopinion.fr