Le Président Français se rend au Mali pour donner une nouvelle dimension de l’engagement de la France, présente sur place depuis 4 ans. Il est accompagné du directeur général de l’AFD, et compte compléter la stratégie militaire par une stratégie d’aide au développement. Laquelle?

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Premier déplacement du président sur un théâtre militaire. Emmanuel Macron est au Mali, accompagné de sa ministre des Armées, Sylvie Goulard, mais aussi de Rémy Rioux, le directeur de l’Agence Française de Développement. Cette présence illustre la nouvelle dimension que veut donner Emmanuel Macron à l’action française dans ce pays. C’est ce qu’indiquait en tout cas son entourage avant son départ. Emmanuel Macron voudrait inscrire l’engagement militaire français au Sahel, dans une coopération renforcée avec l’Allemagne, et il voudrait aussi compléter cette action militaire par une stratégie d’aide au développement.

C’est ce que réclament les organisations humanitaires. Leur analyse est confortée par celle du chercheur Serge Michailof, interrogé par notre consœur de France Info Isabelle Labeyrie. Il est chercheur associé à l’IRIS, l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques.

Les troupes françaises ne vont pas régler les problèmes de sécurité au Sahel. Elles vont à court terme éteindre les incendies de ci de là, mais le problème fondamental de sécurité est lié à l’effondrement économique d’une partie de ces régions. C’est lié au fait que les jeunes n’ont pas de boulot, et ça ce n’est pas l’armée française qui va leur en donner.

Comme tous les pays d’Afrique quasiment, le chômage des jeunes est l’un des problème majeur du Mali. On estime que 81% des demandeurs d’emploi ont entre 15 et 39 ans.

Après avoir été en récession en 2012, du fait des troubles qui ont poussé la France à intervenir, la croissance est repartie à la hausse, mais ce n’est pas suffisant par rapport à la croissance démographique. En outre, le pays est soumis à une sécheresse endémique, qui favorise l’exode rural, et renforce la pauvreté.

Selon l’Indice de développement humain de l’ONU, le Mali est 176ème, sur 187 pays classés.
Le taux de pauvreté, c’est à dire la proportion de la population malienne qui n’arrive pas à subvenir à ses besoins de base atteint 47.2% de la population en 2015.
L’espérance de vie est de 52 ans.

Comment la France aide le développement du Mali?

La France agit par le biais de l’Agence Française de Développement, qui a repris ses activités dans le pays en 2013, après les avoir interrompu un an, en 2012. Beaucoup de projets d’infrastructures, d’aménagement du territoire, eau, énergie photovoltaïque, des projets pour la santé aussi, pour la diffusion des technologie numériques.

Des projets qui sont pour plus de la moitié des prêts et non des dons.

C’est une critique récurrente des ONG sur la mise en œuvre de l’aide au développement. Les dons restent portion congrue, même pour les pays les plus pauvres.

Les derniers chiffres de l’aide au développement publiés par l’OCDE montrent que si les pays riches ont augmenté de 9% leur aide et prêt au développement en 2016, pour les pays pauvres, où ce sont surtout des dons, leurs contributions ont diminué.
Les engagements d’Emmanuel Macron

Comme les autres candidats, Emmanuel Macron avait été interpellé par l’ONG One pendant la campagne présidentielle pour son opération “CAP ou pas CAP”.

En avril, j’avais consacré un billet économique à cette campagne d’interpellation: Aide au développement: des candidats moins généreux. Les engagements du candidats d’En Marche n’était pas alors publiés, voici donc l’occasion de les communiquer.

Selon, cette ONG, le candidat d’En Marche avait été considéré CAP! pour avoir pris plusieurs engagements.

Le premier c’est de faire passer la part de l’aide au développement française dans le PIB de 0.38 à 0.55%. On est pas encore au chiffre de 0.70% auquel s’étaient engagés les pays riches dans les années 70, mais Emmanuel Macron promet d’y arriver en 2025… Il faudra donc lui accorder un second mandat pour cela.

Le deuxième, c’est d’augmenter les dons, notamment vers l’Afrique francophone. On pourra vérifier s’il prend la direction de cet engagement très bientôt, à l’occasion du projet de loi de finance 2018.

Le troisième c’est de ne pas conditionner cette aide à la politique migratoire, c’est à dire aux actions que mènent les pays d’émigration pour empêcher leur ressortissants de partir. Pour mémoire, c’était au contraire dans le programme de François Fillon et Marine Le Pen.

“Les migrations seront accentués par le dérèglement climatique”, écrit Emmanuel Macron dans la lettre de 9 pages envoyée à Friederike Röder, directrice de ONE France en mars 2017. Il promettait alors, entre autre (reportez vous à sa lettre pour avoir l’ensemble de ses propositions) un nouveau partenariat avec le continent africain. Le voilà, en quelque sorte au pied du mur.

A moins qu’il n’attende le sommet Union Européenne Afrique prévu en novembre pour prendre de nouveaux engagements. Européens cette fois.

Marie Viennot