L’Iran qui subit de plein fouet les sanctions américaines qui frappent durement son économie avec une inflation de plus de 50 % a choisi le bras de fer avec les Européens, en exigeant qu’ils prennent des mesures pour permettre à l’Iran d’exporter son pétrole et avoir des relations bancaires et commerciales avec le reste du monde malgré les sanctions américaines.

« Si les Européens ne tiennent pas leurs engagements, notre troisième pas dans 60 jours sera encore plus fort », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, rapporte notre correspondant à TéhéranSiavosh Ghazi.

Téhéran a décidé de jouer la surenchère au lendemain de sa décision de ne plus respecter le seuil de 3,67 % pour l’enrichissement d’uranium, malgré les condamnations des pays européens – qui ont demandé à la République islamique de faire marche arrière –, des États-Unis et d’Israël.

Si certains participants à l’accord de 2015 « devaient se comporter de manière étrange et inattendue alors nous sauterions toutes les étapes suivantes » du plan de réduction des engagements en cours d’application « et nous mettrions en œuvre la dernière », a également mis en garde Abbas Moussavi, visant l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, signataires européens de l’accord de Vienne. Il n’a pas précisé la nature de cette ultime étape.

Le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique a été plus précis en affirmant que l’Iran pourrait augmenter son niveau d’enrichissement à 20 %. Le pays enrichit déjà depuis ce 8 juillet de l’uranium à plus de 4,5 %, a par ailleurs rapporté l’agence semi-officielle Isna, qui cite ce même porte-parole.

L’Iran se laisse « toutes les options »

En réponse à la question d’un journaliste, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a affirmé que « toutes les options » étaient possibles, y compris une sortie de l’accord de Vienne et du Traité de non-prolifération nucléaire, mais « qu’aucune décision n’a été prise » pour le moment.

Alors que l’économie iranienne est de plus en plus étranglée par les sanctions américaines, la République islamique demande aux Européens d’appliquer leurs promesses et de prendre des mesures concrètes pour permettre à l’Iran d’exporter son pétrole et avoir des relations bancaires avec le reste du monde.

Dans ces conditions, l’Iran a annoncé une nouvelle visite dans les prochains jours du conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron, pour tenter de faire baisser les tensions. Maja Kocijancic, porte-parole de la diplomatie européenne, « très préoccupée », a elle appelé l’Iran à « cesser et à revenir sur ses activités qui sont contraires aux engagements pris dans le cadre » de l’accord sur le nucléaire.

La Russie, de son côté,«  s’inquiète » des décisions iraniennes, mais appelle toutefois à « poursuivre le dialogueet les efforts sur le front diplomatique » avec Téhéran. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a rejeté la responsabilité de la situation sur les États-Unis, rappelant avoir « averti des conséquences qui viendraient inévitablement si l’un des Etats faisant partie de l’accord venait à mettre fin à ses obligations en se retirant ».

RFI