La Slovaquie est encore sous le choc après l’assassinat du journaliste Jan Kuciak, tué par balles ainsi que sa compagne. Selon les médias nationaux, ces crimes seraient probablement liés au travail d’investigation de Kuciak sur des fraudes liant des hommes d’affaires douteux et des hommes politiques.

Dans ce pays de 5,4 millions d’habitants, ce meurtre soulève à nouveau la question de la corruption qui avait déjà suscité en juin des manifestations de jeunes réclamant le limogeage de plusieurs ministres du gouvernement de gauche de Robert Fico.

Jan Kuciak, 27 ans, travaillait pour le site aktuality.sk. Il était spécialisé dans les affaires de corruption, dont celles concernant les possibles liens entre le monde des affaires et le parti SMER-SD au pouvoir.

Son corps et celui de sa compagne, Martina Kusnirova, ont été découverts dimanche dans leur maison à Velka Maca, à environ 65 kilomètres de Bratislava, la capitale.

“Le double meurtre a été commis entre jeudi et dimanche”, selon la police.

Jan Kuciak a été tué d’une balle à la poitrine alors que sa compagne a été touchée à la tête. La police aurait également trouvé des munitions disposées autour des corps, le quotidien Pravda a décrit la scène comme faisant penser à un “avertissement”.

Sur la piste italienne…

Le Premier ministre slovaque Robert Fico a présenté hier aux journalistes plusieurs piles de billets de banque représentant une prime d’un million d’euro. Une prime offerte en échange d’informations susceptibles d’aider à trouver les responsables du crime.

Mardi, M. Fico a indiqué qu’il allait rencontrer les rédacteurs des principaux médias pour les assurer “que la protection de la liberté d’expression et la sécurité des journalistes est une priorité” pour son gouvernement.

De son côté, le ministre de l’Intérieur slovaque Robert Kalinak a déclaré aux journalistes qu’il souhaitait qu’un journaliste, probablement le rédacteur en chef de aktuality.sk, fasse partie de l’équipe des enquêteurs.

Selon des médias locaux, Jan Kuciak s’apprêtait à publier un article sur de possibles connexions entre des hommes politiques slovaques et des hommes d’affaires italiens, eux-mêmes soupçonnés d’être liés à la mafia calabraise ‘Ndrangheta’ opérant en Slovaquie.

“Le meurtre d’un journaliste à cause de son travail, c’est peut-être possible dans les Balkans, peut-être au Moyen Orient, cela arrive sûrement en Russie, mais pas dans l’Union européenne. Il n’y a qu’une réponse à ce genre d’acte – finir son travail”, a déclaré Arpad Soltesz, un journaliste travaillant pour la télévision slovaque JOJ et ancien collègue de Jan Kuciak.

 

BBC