La CANAM qui a sept ans d’existence n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Cependant, ne dit-on pas qu’aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années? Après un début difficile, cette structure est aujourd’hui le fleuron le plus prisé du ministère de la Solidarité et de l’Action Humanitaire que dirige le Pr Hamadoun Konaté. Le directeur général de la CANAM, Luc Togo a bien voulu se prêter à nos questions. Faites en bonne lecture.

Le Pouce : Pouvez-vous dire à nos lecteurs quelques grands actes qui ont marqué la vie de la CANAM  au cours de l’année 2017.

Luc Togo : « Nous sommes à l’entame d’une nouvelle année et c’est pour moi, une occasion en tant que responsable de la caisse nationale d’assurance maladie de souhaiter bonne année, bonne santé à tous les assurés. Et au-delà, je voudrais au nom de l’ensemble des travailleurs de la CANAM, présenter mes vœux de bonne et heureuse année à toutes et tous. Je n’oublie pas les organismes gestionnaires délégués qui cheminent avec nous dans le cadre de la gestion de l’assurance maladie obligatoire ».

« Il faut mettre en exergue, le fait que les activités concernant en particulier l’enrôlement des assurés et leur immatriculation se sont renforcée. L’année 2017 a été celle qui, ou de façon soutenue, nous avons procédé à l’enrôlement aussi bien des assurés militaires que civils. Quand je dis enrôlement, c’est en fait la reprise de l’ensemble des opérations d’attribution des numéros AMO à tous ceux qui, ou avaient déjà un numéro ou n’ont même encore pas à ce jour introduit un dossier, de manière à ce que tout le monde puisse avoir des cartes biométriques. Cette opération s’est intensifiée. Aujourd’hui, par rapport à cette dynamique, nous sommes aux environs de 500 000 personnes enrôlées et pour lesquelles nous avons produit des cartes biométriques. Cela se poursuivra encore quelques mois, de manière à ce qu’on se rassure que la majeure partie des gens auront été enrôlés et auront bénéficiés des nouvelles cartes. Ce sont ces cartes qui vont être désormais en vigueur. C’est un moment fort qui a marqué quasiment toute l’année. On a continué à signer les conventions qui constituent un préalable pour que les prestataires de soins, soient habilités à offrir des prestations pour le compte des assurés de l’AMO. C’est vrai que les premières années, on a signé des conventions avec tous les établissements publics qui existaient en son temps, à commencer par les communautaires et jusqu’à l’hôpital. Aujourd’hui, nous sommes en train d’étendre petit à petit les conventions, pour les prestataires de soins aux cliniques et cabinets privés. Cette dynamique a continué. Nous avons sans cesse reçu les dossiers des établissements de soins privés. Si ces établissements remplissent les conditions, selon  des critères qui sont déjà établis, nous passons des conventions. Il y va de même pour les pharmacies, les laboratoires privés. Cela aussi, s’est poursuivi et s’est renforcé. Le passage à la nouvelle version concernant le système informatique a marqué l’année qui vient de s’achever. L’actif premium est un processus qui prend un peu de temps. Il faut amener les gens à maîtriser toutes ses fonctions, de manière à ce qu’on puisse définitivement utiliser, pour toutes les fonctions ce nouveau logiciel. L’année 2017, nous a permis avec tous les équipements que nous avons, d’internaliser la gestion de ce nouveau système. Et contrairement à certaines expériences ailleurs, nous produisons, nous-mêmes les cartes. L’année 2017, nous a permis d’asseoir l’essentiel du préalable pour nous permettre de passer d’ici fin 2018, à la nouvelle version. C’est des points marquant en plus de l’intensification, des actions de sensibilisation, de communication. Le partenariat que nous initions avec les organes privées est une expérience qui a été profitable. Nous sommes à un moment où cette réforme a besoin d’être expliquée à l’ensemble de la population. Nous sentons de plus en plus, l’impact des efforts de communication. Aussi, nous devons persévérer dans ce sens. »,

Le Pouce : Quel a été l’impact de l’introduction de la carte biométrique dans la gestion de l’assurance maladie obligatoire?

Luc Togo : « Elle nous a permis de nous améliorer, de lutter contre la fraude, de maitriser l’ouverture et la fermeture des droits. Les effets seront perceptibles à partir du moment où, l’utilisation va être systématisée. Aujourd’hui, les assurés ont la possibilité d’utiliser la nouvelle carte. Les gens utilisent d’une manière générale l’ancienne carte. Cette situation s’explique par le fait que, l’ensemble des équipements pour permettre de lire la carte biométrique n’est pas disponible au niveau de tous les établissements. D’ici quelques mois, on aura produit l’essentiel des cartes. On va demander que les anciennes cartes soient retirées au niveau des établissements de soins et autres. L’impact du changement sera ressenti avec l’utilisation définitive de la carte biométrique ».

Le Pouce : Quelles perspectives pour l’année 2018 ?

Luc Togo : « Au Mali, nous avons engagé le processus de mise en place progressif, d’un système de couverture maladie en commençant par un certain nombre de catégories. C’était pour déboucher in fine, sur une couverture généralisée de la population, par un système que nous appelons le tiers payant. Ce système permet aux gens d’améliorer leur état de santé. Il va lever la barrière financière ».

« Courant 2017 la CANAM, en tant que structure et moi-même en tant que modérateur du groupe en charge de préparer cette réforme, avons beaucoup travaillé et participé activement au processus de préparation de cette couverture maladie universelle. C’est ce qui a valu, en fin d’année 2017, de produire un avant-projet de loi qui a fait l’objet d’une concertation élargie avec l’ensemble des parties prenantes. Le dossier est dans le circuit pour arriver à l’assemblées nationale par le biais du conseil des ministres. Ça été quelque chose d’extrêmement important ».

« Courant 2018, comme le programme gouvernemental le prévoit, il s’agira d’implanter le dispositif de manière à ce que l’ensemble de la population puisse être couverte. C’est dire que 2018 va être une année décisive. Les structures vont commencer à s’opérationnaliser par rapport à cette nouvelle réforme. Il s’agit d’une réforme si chère au président de la république. Cette réforme nous vaut d’être dans le peloton de tête dans la sous-région. »

Le Pouce : Un message particulier à l’endroit de votre personnel et des assurés ?

Luc Togo : « A mes collaborateurs, je veux dire que l’abnégation dont les uns et les autres ont fait montre, doit être de mise. Que ce soit la réforme de l’assurance maladie obligatoire et de façon plus étendue l’assurance maladie universelle, ce sont des réformes sociales qui ne recueillent pas toujours l’unanimité. On a vu les difficultés qui ont marqué les heures initiales de l’assurance maladie obligatoire. Le personnel et l’ensemble des collaborateurs se réjouissent, de ce qu’aujourd’hui la réforme a pris corps et qu’elle soit vue positivement, contrairement aux heures initiales. Grâce aux efforts et à la persévérance des uns et des autres, nous allons progressivement vers la couverture universelle. Elle marquera de façon incontestable, une avancée en matière de réforme dans notre pays ».

« Dans toute cette dynamique, il y a les assurés, les employeurs, les partenaires sociaux en tant que corps social. A ceux-là, je veux leur dire que nous sommes engagés dans un chantier qui est sans cesse en construction. Avec l’expérience que nous avons eue avec l’AMO, on peut dire que nous avons engrangés des expériences. La persévérance est demandée aux uns et aux autres. Que chacun consente l’effort qu’il faut pour la mise en œuvre de ces réformes sociales. C’est dans la solidarité que nous pourrons assurés, un bien-être au niveau sanitaire au niveau de la population ».

Interview réalisée par

Tiémoko Traoré

 

Source: Le Pouce