« Le péché de la chair » est son premier roman. Moriba DIAWARA a accordé une interview à votre Journal afin de parler de son ouvrage qui dénonce la violence sur le genre et le mariage précoce, des maux qui minent de notre société. 

 

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je me nomme Moriba DIAWARA. Je suis un jeune écrivain romancier, et l’élève des écrivains. « Le péché de la chair » est ma première parution chez Innov Édition. Je suis né à Kollé, le 28 septembre 1992, dans la région de Koulikoro, cercle de Kati. Je suis un amoureux des lettres et de la littérature. Je suis sortant de l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako. Je suis actuellement journaliste et conseiller client ou téléconseiller.

Quelle explication donnez-vous au titre « Le péché de la chair » ?

La sémantique. Le titre « Le péché de la chair » contient deux mots majeurs, ‘’péché et chair’’. ‘’Péché’’ renvoie à l’état de celui qui commet un péché, religieusement bien sûr, et Chair, c’est la chair de l’homme, Homme avec grand H.. Donc, le péché dont pourrait regorger le corps ou la chair de l’homme,  c’est le péché de la chair, qui renvoie très clairement à l’adultère, à la fornication infidèle, etc. La chair de l’Homme est sacrée.

D’où avez-vous tiré votre inspiration sur la problématique d’agression sexuelle et de mariage précoce, les principaux thèmes du roman ? 

Mes inspirations ne sont pas très loin, elles sont tirées de notre société traditionnelle et moderne. J’interpelle à cet effet la jeunesse malienne à prendre conscience de sa situation, aux maux qui l’engorgent. « Le péché de la chair » est une présente image très émotive et décevante des réalités que nous vivons. Les images sont noires et rouges, rouges comme le sang. C’est un récit d’inspiration sociale. La jeune fille ne doit pas être un jouet qu’on donne à son enfant, le mariage précoce. C’est pourquoi je m’attaque farouchement à cette formule ubuesque, qui tend à déshumaniser la gent féminine dans notre pays et dans le reste du monde.

Je prends l’exemple sur un tragique événement qui s’est produit dans notre pays, une bestialité, disons ainsi. Une jeune  fille de 16 ans, vendeuse de maïs braisé, a été agressée et violée, dans la nuit du 31 août 2019 à Nafadji en commune I du District de Bamako, par sept garçons, assouvissant farouchement leur désir sexuel. Et le pire, la scène fut filmée et publiée sur les réseaux sociaux, avec les visages totalement débusqués. Oh! La nouvelle génération, je m’inquiète énormément du devenir de notre Nation. C’est inquiétant.

« Le péché de la chair » est un roman de lutte pour la cause féminine. Cependant, « Le péché de la chair » traite d’autres thèmes comme la sorcellerie, la justice, l’injustice, etc.

«Le péché de la chair » est un roman facile à lire et à comprendre, car en vous lisant, le lecteur se sent à l’aise. Vous êtes-vous inspiré d’autres auteurs en cela ?

« Le péché de la chair » est un roman en français facile. Et je l’ai écrit dans un langage expressif et à la fois révélateur, car le style et les mots qui y sont utilisés pressent et s’attaquent ouvertement aux agresseurs sexuels de filles ou de femmes. Je ne veux pas que le lecteur soit fatigué en le lisant. C’est pourquoi tout le monde peut le lire et le comprendre. Je rends mon style et mon écriture plus accessible au grand public. Même un élève de la 9e année peut le lire et le comprendre. Seydou Badian, paix à son âme, a été pour moi un grand inspirateur notamment avec Sous l’Orage. Je me suis également inspiré de Franz Kafka à travers Le Procès, surtout le style.

« Afro », c’est le nom que vous donnez à la monnaie dans le roman. Pourquoi l’avez-vous choisi? 

« Afro » ? C’est une monnaie imaginaire que j’ai créée dans le roman. Une monnaie qui a vu le jour avant l’Eco, la nouvelle monnaie africaine en perspective. Vous allez me dire que j’ai prédit ce changement. Oui, je l’ai prédit, comme les écrivains des prophètes à leur manière. La création de cette monnaie est une critique contre le franc CFA, qui est selon moi, une monnaie coloniale qui continue de coloniser. Il est temps que ça change. Il ne faudra plus que notre nouvelle monnaie soit mise sous tutelle de l’autre.

L’histoire du roman se déroule entre Siby et Bamako, y a-t-il un lien entre vous et la ville historique de Siby ?

D’abord, l’histoire se passe dans une Siby imaginaire, toutes les scènes sont imaginées, comme tout roman. Oui bien sûr, il y a un lien entre moi et Siby, la cité historique. Je suis né à Kollé dans le Mandé, et Kollé fait partie de l’arrondissement de Siby. J’ai été orienté en 2008 après l’obtention de mon diplôme de D.E.F. J’ai dû faire un transfert vers Bamako au Lycée Moderne Hampâté Bah à Bolibana. Siby est une ville historique, c’est pourquoi je fais un parallèle en décrivant la ville avant de narrer la petite triste de Nangnouma qui n’avait que 13 ans.

Le roman est un genre particulier pour vous, semble-t-il.  Pourquoi le choix du roman et pas la poésie ni nouvelle ni le théâtre ?

Oui, le roman est un genre qui m’a beaucoup plus plu. C’est un genre dans lequel je me donne la liberté de voyager dans mes pensées et exprimer sincèrement mes sentiments. Donc, le genre mère chez moi. Pas la poésie ni nouvelle ? Ce n’est qu’une question de temps, les autres genres viendront d’eux-mêmes.

Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

J’ai plusieurs projets d’écriture. J’ai un autre roman en cours de correction, et j’espère le publier bientôt. Je suis sur une pièce de théâtre, un recueil de poèmes, etc.

Lansine Coulibaly

LE COMBAT