“Leçons de vies” est la première publication de Safiatou Diarra, étudiante en licence 2 à l’Ecole supérieure de journalisme et des sciences de la communication de Bamako (ESJSC). Paru aux Ed. Prostyle Editions, ce livre est un recueil de nouvelles, composé de trois récits dans lesquels des sujets d’actualité sont évoqués. Critique.

Safiatou expose dans ses textes quelques-unes des problématiques majeures de la jeunesse telles que les grossesses inopinées, les amours malheureuses, le désir d’étudier à l’étranger, l’entente, voire la complicité entre enfants et parents, etc.”, écrit son préfacier, Dr. Mohamed Diarra, écrivain et enseignant-chercheur.Si l’on s’en tient à cette note de son préfacier, on dira que ce livre n’est qu’une description formelle de la société malienne, mais aussi une mise en exergue du quotidien de la famille et du jeune Malien – pour ne pas dire Bamakois.

Ce livre, comme toute œuvre littéraire, cache un côté invisible à la lecture simple. C’est effectivement la vraie face de la femme malienne. Contre toute volonté de l’auteure, ce livre donne raison à une vérité générale de la société malienne : “L’honneur d’une femme est le mariage”.

Souffrances de femme

Si l’écrivaine veut nous montrer sur tous les plans que la femme peut bien mener une belle vie sans la présence d’un homme à ses côtés, sa plume la trahit pour, sans doute, prouver le contraire. Malgré une vie stable : parent, enfant, travail, argent…, l’héroïne de la première nouvelle et sa mère pensent toujours que son bonheur (de l’héroïne) est lié à la satisfaction de son mari. A la page 9, l’auteure décrit un certain nombre des maux de la femme face à l’homme :

[La première fois qu’elle voit ses menstrues, elle souffre de maux de ventre / Lors du premier rapport sexuel, la femme en souffre tandis que l’homme prend plaisir / Lorsqu’elle tombe enceinte, elle passe neuf mois de souffrances et le jour de l’accouchement, elle se retrouve entre la vie et la mort / En ce même moment, l’homme s’impatiente de voir son enfant … / Si nous remarquons bien, l’homme est à la base de toutes les souffrances….

Dans ce passage, l’on peut noter que l’amour, la grossesse et l’enfantement sont perçus comme une injustice – sûrement naturelle.

Subjectivité inconditionnelle

Ce genre d’attaque relève d’une subjectivité inconditionnelle de l’écrivaine dans sa prise de position. Nul ne peut ignorer les violences faites aux femmes par les hommes, mais aussi entre les femmes elles-mêmes dans la Cité des Trois Caïmans. Ces violences entre femmes sont généralement subies par les aide-ménagères qui quittent les zones rurales pour souvent venir chercher leurs trousseaux de mariage en milieu urbain. Pis, dans le dernier récit, une femme n’hésitera pas à tuer sa coépouse enceinte parce qu’elle veut juste le mari à elle seule. Voilà une vraie vie des femmes.

Safiatou parviendra-t-elle à achever la lutte qu’elle a commencée à travers son livre ? Ce qui est sûr, l’acharnement contre la gent masculine n’est pas nouveau dans la littérature malienne surtout de la production féminine. Djénéba Fotigui Traoré, dans son deuxième roman, a tenté le jeu, sans prise de position radicale, en décrivant une catégorie d’hommes de tout à travers le personnage Tabouyan. De loin elle qualifiera ce genre d’homme du plus “mauvais des créatures d’Allah”.                                           

Chaka Kéita 

Source: Aujourd’hui-Mali