La réunion ordinaire du Comité de suivi de l’Accord d’Alger (CSA) a été tenue hier, lundi 15 juillet 2019, à la CRES de Bamako. À la différence des autres réunions, cette dernière a été confrontée à  un problème de représentativité de la Plateforme au sein du CSA.  Comme sanction, le CSA  a suspendu les indemnités pour le mois de juillet des membres de toutes les structures de la Plateforme pour le  boycott de la réunion. Pour nous imprégner de ce qui se passe, nous avons rencontré le porte-parole de ladite Plateforme, Moulaye Ahmed Ould Moulaye qui a, dans une interview qu’il nous a accordée, demandé à la communauté internationale de ne pas s’impliquer dans la gestion interne de son mouvement.

Lisez l’interview

Le Pays : Vous êtes Moulaye Ahmed Ould Moulaye, porte-parole de la Plateforme. Quelle est la particularité de cette réunion ordinaire du CSA ? Nous apprenons qu’il y a deux plateformes qui sont représentées. Pourquoi cet état de fait ?

Moulaye Ahmed Ould Moulaye :

La différence est que la réunion a buté sur le  problème de  représentativité de la plateforme au sein du CSA. Si vous vous rappelez, lors de son  point de presse du 2 juillet 2019, la Plateforme a informé l’opinion nationale et internationale qu’elle a procédé à une réorganisation de ses structures. Depuis sa création en 2014, la Plateforme a toujours été dirigée par une seule personne qui se faisait passer pour son président ;  qui se faisait passer pour le porte-parole de son mouvement et le porte-parole de la Plateforme ; qui se faisait passer pour être le chef de la délégation de la Plateforme au sein  du CSA .C’est donc compte tenu de toutes ces dérives d’organisation que  la Plateforme a décidé que , désormais en son sein, tous les postes intéressants, notamment de  président , de porte-parole et de chef de la délégation de la Plateforme au sein du CSA soient tournants. Le poste de président sera tournant chaque six mois. Donc, chaque six mois, le représentant d’un  mouvement va être président. Les postes de porte-parole et de chef de la délégation  de la Plateforme au sein du CSA vont aussi être tournants chaque semestre. Nous pensons qu’en faisant cela, nous allons éviter les graves dérives qu’il y a eu : insérer des personnes non affiliées à la  plateforme à l’intérieur de nos structures de mise en œuvre de l’Accord,  enlever abusivement  des membres de structures régulières de mise en œuvre de l’Accord, vendre les postes et les grades de la Plateforme à l’intérieur des villes pour des gens qui n’ont jamais appartenu à la plateforme.

Que s’est-il   réellement passé  dans la salle de réunion aujourd’hui (lundi 15 juillet 2019) ?

Aujourd’hui, la communauté internationale s’est retrouvée face à deux Plateformes. Ce n’est pas à la communauté internationale de dire quelle est la bonne ou la mauvaise Plateforme. La décision se prend à l’intérieur du mouvement. Vous vous rappelez, le CMFPR a dit que Me Touréh n’est plus son porte-parole. La communauté internationale doit tenir compte de cela. Son rôle,  celui du chef de file de la médiation internationale,  est de faire en sorte que la CMA, la Plateforme et le gouvernement du Mali s’entendent, pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Le rôle de la communauté internationale  n’est pas de venir à l’intérieur d’un mouvement pour trouver un leadership. Ce n’est pas de dire qui répond de la Plateforme et qui répond de la CMA à l’intérieur des mouvements.

La communauté internationale a-t-elle choisi un leader au nom de la Plateforme ?

Pour le moment, nous ne pouvons pas  dire qu’elle a choisi une Plateforme. L’opposition a fait croire qu’il existe  deux plateformes, mais  pour nous, il n’existe pas deux Plateformes. Ce qui est important de savoir, il n’y a qu’une Plateforme, pas deux.  Elle s’est juste réorganisée et quelqu’un qui est contre la réorganisation est contre la bonne marche de la chose. Il n’y a pas lieu de s’accrocher aux postes de président et de porte-parole, alors que tout le monde sait qu’il ne détient ni les tenants ni les aboutissants.

La réunion n’a-t-elle pas commencé devant vous ? Quid de  l’autre plateforme représentée par Me Harouna Touréh ?

La réunion a commencé devant nous tous ; eux ils sont sortis de la salle, parce qu’ils disent qu’ils ne souhaitent pas être sur notre coupe. Mais, nous avons dit aussi que ce n’est pas à la communauté internationale de dire qui est la Plateforme, c’est à l’intérieur que cette décision se prend. S’ils sont prêts à le faire, alors qu’on parte en congrès et que chaque mouvement choisisse ses responsables.

Interview réalisée par Boureima Guindo

Le Pays