La Plateforme « On a tout compris, Waati sera », constituée de plus d’une centaine d’associations, a été contrainte vendredi 18 août par les forces de l’ordre, d’effectuer son deuxième sit-in prévu en face de l’ambassade de France, devant la Pyramide du souvenir.

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Moussa Maïga, membre fondateur de Waati Sera, a expliqué au journal du Mali, les buts de cette Plateforme qui pointe du doigt le rôle «trouble» de la France au Mali et qui prend de plus en plus d’ampleur.

Pourquoi avez-vous voulu faire un nouveau sit-in devant l’ambassade de France ?

Nous l’avons fait dans l’intention de dénoncer l’ingérence française dans la gestion de la crise Malienne.

Qu’appelez vous ingérence française ?

Nous ne sommes pas d’accord avec la politique française, car la France prend parti du côté des ennemis du Mali, comme la CMA, composée de ceux qui se disent nationalistes, le MNLA et de terroristes.

Ne pensez-vous pas que dans la situation actuelle au Nord, il serait dangereux de laisser Kidal sans la présence des forces étrangères ?

Avant que la France n’arrive à Kidal, les terroristes occupaient le Nord. À l’époque il n’y avait pas d’attentat, c’était juste leur charia qu’ils appliquaient à la population. La situation s’est aggravée malgré la présence de plusieurs troupes étrangères sur le sol malien. Nous voulons connaître leur agenda, nous ne savons pas ce qu’ils font au Nord. On augmente leur mandat mais la situation ne fait qu’empirer. Même l’autre jour, Ménaka est tombée dans les mains de la CMA sous les yeux de la Minusma. Nous avons vu la libération de Gao et Tombouctou par des forces étrangères mais jusqu’à présent Kidal n’a pas été libérée, qu’attendent les forces françaises pour libérer Kidal ? Si la France avait libéré toutes les régions du nord pour combattre le terrorisme, comme ils le disent, on les soutiendrait sans problème. Qquand ils ont libéré Konna le peuple malien a applaudit, après nous avons constaté qu’au lieu de se ranger auprès du Mali ils se sont rangé au côté des terroristes.

Concrètement, demandez-vous le départ des forces étrangères ?

Ce n’est pas ça notre objectif, nous voulons leur transparence, qu’ils mettent de côté leurs intérêts pour libérer le nord du Mali d’abord. Qu’ils n’oublient pas que le peuple malien aspire à avoir la paix. Cela fait longtemps que nous sommes dans l’impasse totale et c’est la France qui est dessous tout ça.

Pour vous la France est-elle toujours une amie du Mali ?

On peut être ami mais chacun doit garder sa personnalité, l’amitié avec la France ne doit pas nous rendre aveugle. La France est toujours une amie, mais nous ne sommes pas d’accord avec ce qu’elle fait au Nord.

Selon vous, est-ce seulement la faute de la France ou aussi celle du gouvernement malien qui n’est pas suffisamment fort pour être souverain sur son territoire ?

Nous n’avons pas de gouvernement, c’est un gouvernement incompétent qui a les mains liées et qui ne peut rien faire. C’est au peuple de se défendre. Quelqu’un qui tend la main ne peut pas dénoncer celui qui lui donne à manger, notre gouvernement reste et demeure au côté du néo-colonisateur.

Peut-on vous considérer comme un mouvement anti-français ?

Nous sommes un mouvement anti politique française au mali.

Comme un mouvement nationaliste ?

Nous sommes nationalistes, nous sommes des patriotes. On aime notre pays, on ne veut pas perdre notre pays, quand on perd une chemise elle peut être remplacée pareille pour une chaussure. Mais quand on perd une nation on ne peut jamais la remplacer, nous sommes prêts à mourir pour le Mali.

Après ces deux sit-in jusqu’où comptez-vous aller ?

Nous sommes capables de révolutionner le Mali tout entier de Kayes à Kidal pour dénoncer l’ingérence des autorités étrangères. Nous avns commencer avec 30 associations et aujourd’hui il y en a plus d’une centaine et ça continue. Nous voulons la paix, que ça soit avec les autorités locales ou étrangères mais nous n’acceptons pas leur mauvaise gestion de la crise. Il faut que cette gestion soit transparente que la population sache qu’on est en train d’aller vers la paix. Connaissant les moyens logistiques dont disposent les forces étrangères qui sont au Mali, est ce que les terroristes peuvent vraiment les empêcher de libérer Kidal ? Comment la CMA peut-elle, devant la France, brandir un autre drapeau différent de celui du Mali. Ils réclament leur indépendance sous les yeux de la France et de la Minusma, sachant l’accord de paix qui a été signé. Depuis la signature de cet accord, on pensait aller vers la paix, mais c’est le contraire, nous assistons à une division du pays manigancée par la France. La France défend ses intérêts, parmi lesquels l’exploitation de nos ressources, en oubliant ceux du peuple malien.

 

Source: journaldumali