Bientôt deux mois, le gouvernement de transition est sous la pression des mouvements syndicaux. Il s’agit des administrateurs civils, des enseignants, de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM), ainsi que les agents de la santé, les agents des services pénitentiaires, etc. Pour connaître la position de la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) sur ces mouvements de grève, nous avons tendu notre micro à son secrétaire général, Hamadoun Amion Guindo. Lisez plutôt sa réaction. 

Monsieur le secrétaire général, le pays fait face actuellement à une vague de mouvements de grève. Comment expliquez-vous cela en tant que responsable syndical ?

Effectivement comme vous l’avez dit, nous faisons face à une vague de mouvements, notamment sur le plan social. Il y a assez de mouvements de grève qui se tiennent depuis un certain temps. Cela pour manifester une insatisfaction par rapport à la gestion que les autorités font, disons de doléances, de  revendications relatives dans la plupart des cas à des accords obtenus il y a de cela quelques années et qui n’ont pas vu leurs mises en œuvres effectives.

Alors c’est pourquoi, vous avez constaté qu’il y a eu des grèves non seulement au niveau de l’enseignement supérieur, mais aussi au niveau de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali et qui a encore déposé un autre préavis de grève de cinq jours allant du 14 au 18 décembre 2020. Aussi, nous savons qu’actuellement, les agents des collectivités territoriales sont en grève et ceux de la santé qui ont fini par lever leur mot d’ordre. Mais, nous pensons sincèrement que tout cela est dû à la mauvaise gestion de la part du gouvernement, disons des engagements qu’il a eu à prendre en son temps, dans le cadre de la gestion des accords librement signés avec les partenaires sociaux. Donc les syndicalistes, pour le moment, n’ont pas d’autres armes que de dire que nous allons en grève.

Cela est une réalité, mais une grande partie de l’opinion pense que le moment est mal choisi monsieur le secrétaire !

Bien sûr que cela est vraiment déplorable de savoir dans quelle situation se trouve le pays, et que quelque part les autorités ne prennent pas davantage conscience de la situation pour privilégier un certain nombre de calme au niveau du front social.  A cela, tout le monde note la morosité de la situation économique qui est une sorte de blocus total sur le plan politique. Donc en prenant en compte tout ce paysage, nous nous disons  que les autorités doivent tout faire pour calmer un certain nombre de front social qui ne facilite pas la gestion de la transition. S’ils veulent réussir cette transition, il faut qu’ils prennent au sérieux ces revendications.

Est-ce que vous encouragez ces grèves parce que les autorités ne prennent pas conscience de la situation du pays ou tout simplement parce que c’est un droit et qu’il faut réclamer quel qu’en soit le moment ?

Non ! C’est un droit. Quand l’Etat signe un accord, c’est en pleine liberté. Et quand il y a signature, ça veut dire que ça fait force de loi. C’est l’accord des parties. Quand on prend l’accord des parties qui fait force de loi, il est fondamental que les partenaires qui ont pris cet engagement, qui ont signé ce document, respectent leurs engagements. En fait, on ne peut que lier cela au simplement fait de non respect des engagements de part et d’autre.

Cela sous-entend que vous encouragez vos camarades d’autres centrales à continuer la lutte ?

Ah oui ! En tant que syndicalistes, nous demandons aux travailleurs de continuer à réclamer leurs droits surtout que pour nous ce sont des acquis. Donc, il faut que nos camarades continuent effectivement cela de manière objective et conformément aux droits tout en rappelant et exigeant au gouvernement le respect des accords signés.

Quel est votre message à l’endroit du gouvernement, monsieur le secrétaire ?

Il est temps que le gouvernement, dans la situation actuelle du pays, fasse état de tout ce qu’il y a comme revendications et prenne des dispositions pour calmer le front social. Parce que si ça ne va pas à ce niveau, cela risque de déraper. Aujourd’hui dans tous les secteurs, il y a de l’insatisfaction. Des accords ont été signés et ils sont considérés comme des acquis si on ne règle pas cela, de nouvelles doléances vont s’ajouter et à un moment donné, ce serait difficile à résoudre.

Amadou Kodio

Source : Ziré