Dans la foulée de la tension post-électorale à laquelle il est actif, le chroniqueur radio s’est confié à votre hebdomadaire préféré. De la suspension de son émission ‘’Cartes sur table’’ sur les ondes de la radio « renouveau FM » aux enjeux électoraux, il s’explique, évoquant sa participation aux législatives en vue.

Le Point : qu’est-ce qui explique la fermeture, il y a peu, de la radio « Renouveau FM » ?

Ras Bath : RENOUVEAU FM était sous cadenas par le Gouverneur de Bamako, officiellement, pour « incitation à la révolte et la haine ; c’est expressément ce qu’il a mentionné  dans son arrêté à la décision de fermeture sans préciser exactement ces mots dont l’émission est incriminée et qui serait de caractère incitatif à la révolte et à la haine et de nature à troubler l’ordre public. Voici donc ce que le Gouverneur a dit suite à sa décision de fermeture de la radio. Cette décision est laconique et pathétique et révèle le niveau médiocre du Gouverneur et ses intentions malsaines. Il est parti à confondre la fréquence de la TV et la radio du groupe RENOUVEAU. Or, une télé n’émet pas sur la même fréquence que la radio, ce qui montre comment il était pressé de fermer RENOUVEAU FM. Pourtant, le Gouverneur n’avait pas cette compétence. Selon la règlementation en la matière au Mali, c est à la Haute Autorité de Communication qu’il revient de veiller au respect du fonctionnement et à l’application des textes et des sanctions sur tout ce qui concerne la fermeture et la réouverture à l’endroit des organes de medias. Seule  la HAC a le pouvoir et la compétence d’infliger des sanctions non pénales- d’essence administrative, à savoir, la suspension à la fermeture ou les amendes. Concernant les sanctions judiciaires, celle-ci reviennent à la Justice. Après avoir été saisie par le Gouverneur, la HAC dans sa circulaire a argumenté qu’après avoir écouté l émission, elle a trouvé que l’émission  « Cartes sur table » comportait des propos à caractère outrageant, injurieux à l’encontre du Président de la République ; J’aurai dit  que lui et sa famille sont des voleurs, que le premier ministre est corrompu, les imams sont des alcooliques, et que les fondateurs de Bamako sont des vendeurs de drogue.Une accusation ahurissante ,dégoûtante et pathétique venant de la HAC. Ils sont censés être indépendants, car une fois nommés, ils sont dans toutes les conditions afin de ne pas être corrompus. Quand la HAC dit que j’ai traité le Président(IBK) de voleur durant mon émission, à ce que je sache au Mali le terme voleur n’est pas une infraction. C est le code pénal qui dit que toute personne qui prend ce qui est à autrui et qui ne lui appartient pas, commet un acte de vol et l’auteur est un voleur. Toute personne qui soustrait quelque chose qui ne lui appartient est donc  un voleur. Dans notre pays, la loi n’interdit pas à la presse que lorsqu’un acte de vol est commis, de qualifier l’auteur de voleur. Si le Premier ministre est corrompu, il n’est pas aussi interdit de le dire  .La presse n’a pas de raison d’exister si elle ferme les yeux sur certaines vérités avec des preuves à l’appui. La HAC  aurait dû donc entendre notre version avant de prendre une quelconque décision. Sa réponse contenait des accusations que le Gouverneur n’avait pas du tout mentionnées, elle ne nous a pas donné le droit de répliquer aux griefs contre «  RENOUVEAU FM.» Ce qui est encore  grave, la HAC a pris  la plus lourde sanction à  notre encontre en référence au point 4 de l’article 82 qui du  code la régissant à savoir, la suppression définitive de notre tribune ; Alors qu’il y a les points 1 et 2 qui parlent de la suspension temporaire et la fermeture provisoire  allant de 3 mois à 6mois, je crois. Mais la HAC est allée au-delà de tout ça, avec la suppression définitive de l’émission.

Je n’avais jamais  fait l’objet d’une plainte auprès de la HAC , qui n’a pas eu à m’avertir , ni m’appeler pour me dire de faire attention aux propos que j’avance, et jamais elle ne ma saisi par rapport à une émission .La HAC devrait nous avertir en premier lieu, après nous blâmer  avant de passer à la suppression absolue de la radio. J’en conclus donc que c’est l’émission qui était visée. Notre rédaction a attaqué la décision à la Cour Suprême ; en attendant on a créé  l’émission ‘’Grands dossiers’’.

Que faut-il attendre de l’émission ‘’Grands Dossiers. Peut-on avoir une idée du contenu ?

Ras Bath : Comme son nom l’indique, il s’agit de prendre les dossiers qui portent sur la marche et la vie de la République et les éplucher à l’attention du public. Sont abordées, les affaires de la République pour  faire comprendre aux citoyens, le fonctionnement légal et normal des institutions, car, leurs différents animateurs sont payés par les impôts des citoyens qui y attendent des résultats. Le premier numéro de « GRAND DOSSIERS » avait comme sujet, tout récemment, 3 dossiers : celui de la Cours Suprême, celui des institutions de la République, notamment, le Président de la République et la Justice avec la grève illimitée. Notre prochain épisode est en préparation.

Aux termes du dernier scrutin présidentiel, pensez-vous que Soumaila CISSE y soit réellement sorti vainqueur ?

Ras Bath : Nous sommes une Société Civile dont est membre le CDR qui a soutenu Soumaila Cissé lors des élections présidentielles.
Nous avons apporté notre soutien au candidat de la formation politique qui, aux yeux de la loi, était le seul habilité à avoir un délégué dans les bureaux de vote. Jusqu’à preuve du contraire, nous avons confiance en Soumaila Cissé, en sa parole : selon les décomptes de PV qui lui sont parvenus à travers ses délégués dans les endroits où le vote s’est correctement déroulé, il sort vainqueur. Par contre, en  ajoutant  les endroits où le vote a été entaché de fraudes, de vols, de mascarades et de bourrages irréfutables d’urnes, IBK passe.  Notre candidat a indiqué  que si on ajoute des zones de Kidal, Tessalite et Menaka IBK gagne et si on les retire, lui il passe. La question est à ce niveau précis. Soumaila ne s’est jamais déclaré vainqueur sur l’ensemble des résultats, il dit qu’il faut qu’on enlève les zones où l’élection n’a pas été transparente, sincère et correcte. Les préfets ont refusé l’accès des assesseurs de Soumaila dans ces localités et on a présenté des chiffres qui ne reflètent pas la réalité des lieux. Les populations sont en déplacement ou en exil, or les chiffres de l’administration affichent plein. L’article 82 de la Loi Electorale dit que le bureau de vote contient, au minimum, 50 électeurs et 500 au plus dans les zones CMDT et de l’Office du Niger .Or, il ya bien des  bureaux où les voix d’IBK additionnées à celles de Soumaila  Cissé, sont à 700 et 800. Mais la Cour Constitutionnelle a fermé les yeux sur cette parodie électorale. C’est partant de la compilation sur les indices réels que Soumaila CISSE est vainqueur par les résultats des élections dans les bureaux ou tout s’est déroulé de façon transparente.

Etes-vous persuadé que la rue pourra faire plier le régime ?

Ras Bath : La rue est assimilée ici à l’anarchie, au désordre ! Si vous dites la marche, je vous comprends sauf qu’elle  est un moyen légal et normal d’expression de la masse vis-à-vis d une situation désagréable faite par les autorités. On y  revendique l’intérêt général sans viser un régime, car, le pouvoir exécutif est au-dessus de tout ; c’est l’équivalent d’un peuple ou une nation. La marche est faite pour informer l’opinion publique, nationale et internationale. J’ajoute qu’elle est légale, structurée et approuvée par la loi, donc c’est une arme pour nous, la population civile.

Ras Bath ira-t-il aux législatives ?

Ras Bath : Je suis dans une Société Civile de CDR  qui  est une organisation structurée. On décide ensemble de nos projets, et rien n’a été dit sur la question. Mais si le CDR décide que je participe aux législatives, je pense que je ne saurai le refuser. Mais si le CDR décide de lancer un candidat, j’ai des collègues que je présenterai volontiers, sachant qu’ils pourront relever la tâche. Personnellement, je ne songe pas  à aller à l’Assemblée nationale, je ne veux pas être limité dans l’accomplissement de ma fonction. Si j’y pars, il n’est pas évident d’avoir un successeur qui pourra cerner mon créneau et porter mes actions à la barre haute où j’ai mis la conscientisation des citoyens. J’appelle les Maliens à la bravoure, faire face aux situations et en ne fuyant pas les responsabilités qui soient les leurs.

Propos recueillis Idrissa Kéita

Le point