Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Tiéman Hubert COULIBALY, était lundi dernier, l’invité du journal Afrique de TV5-Afrique pour parler du Mali, de l’armée malienne, de la situation sécuritaire du pays et aussi des acquis du mandat en cours. A l’occasion, le ministre a magnifié les efforts des plus hautes autorités, depuis quelques années pour le retour de la paix, de la sécurité et du vivre ensemble au Mali, à travers des actions concrets dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger. Nous vous livrons ici le point de vue du ministre Tiéma Hubert COULIBALY.

TV5 : Est-ce qu’il y a des éléments incontrôlables au sein de l’armée malienne ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Sur l’événement que vous évoquez, je tiens à dire que le ministère de la Défense a saisi le procureur militaire aux fins d’une enquête. Il sera prudent d’attendre les résultats de cette enquête afin de tirer les conclusions. Dans tous les cas, la loi malienne sera respectée et nous sommes dans un processus de reconstruction de notre pays, y compris de son armée qui nous demande beaucoup de travail.
Est ce qu’il y a des éléments incontrôlés ? Moi, je n’en connais pas. J’ai été ministre de la Défense et nous avons engagée des programmes de formation, des programmes d’équipement et même de reconstruction doctrinale de notre armée, y compris en incluant des modules de formation concernant les droits de l’homme. Ainsi, je préfère faire confiance à l’armée malienne qui est dans une mission qui concerne la défense de notre territoire et la reconstruction aux côtés des forces politiques et l’unité nationale.

TV5 : Il y a une responsable d’association qui accuse l’armée. Qu’est-ce que vous répondez?

Tiéman Hubert COULIBALY : Ce n’est pas ce que moi j’ai entendu.

TV5 : Qu’avez-vous entendu ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Elle appelle au rôle régalien de l’armée.

TV5 : Oui, mais ça c’est la dernière partie. Qu’est-ce que vous répondez ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Je suis d’accord avec elle, quand elle dit que tous les peuls ne sont pas terroristes. Bien sûr que tous les peuls ne sont pas terroristes. Les terroristes ne sont pas que des peuls, il y en a de toutes les ethnies, cette horde de terroristes. Il y a des peuls ; des Bambaras ; des Bozos, des dogons… il y a de tout. Il est hors de question en effet que nous nous inscrivons dans une stigmatisation d’une ethnie au Mali, et cela c’est le jeu d’ailleurs des terroristes de mettre les communautés dos à dos et de continuer à saper les fondements de la nation malienne. Car notre nation est un fait, c’est un fait historique. Donc, il est hors de question d’accepter ce discours qui consiste à désigner une ethnie comme étant porteuse d’un projet terroriste. Cela est faux !

TV5 : En préambule vous avez parlé d’un procureur militaire qui a été saisi par le ministre de la Défense ; alors pourquoi justement, c’est un procureur militaire qui s’occupe de cette affaire ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Par ce que c’est une affaire militaire !

TV5 : Vous avez envisagé, une certaine indépendance dans cette affaire ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Mais il faut d’abord commencer par une procédure militaire, par ce que s’il était établi des faits graves contrevenants à la loi ; il y a des sanctions disciplinaires et au-delà, ce qui pourrai être engagé comme poursuites. Mais il faut un début de procédure qui, elle ne peut être militaire.

TV5 : Donc, un encadrement militaire, quel sera la suite ensuite ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Le procureur militaire, décidera de tout cela. Mais c’est celui que nous devrons saisir en premier lieu dès lors qu’il s’agit de mettre en cause soit ou de rechercher une information concernant une action menée par des militaires.

TV5 : Et il y aura des sanctions au cas échéant ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Bien sûr !

TV5 : Une date à l’agenda, le 29 juillet prochain, ce sera la présidentielle. Deux candidatures supplémentaires à noter ces dernières heures, celle de Moussa MARA, ex chef du gouvernement, il est issu du parti Yèlèma, et celle de Dioncounda TRAORE, le candidat de l’ADEMA. Le président IBK, lui, pourra annoncer qu’il briguera pour un second mandat. Pourtant, le bilan n’est pas très bon finalement. Les caisses sont aux rouges, le chômage un peu galopant ; comment renverser la vapeur ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Deux observations, êtes-vous sûr du deuxième candidat, je vous appelle à vérifier votre information ?

TV5 : Nous avons des informations qui concordent en tout cas là-dessus pour l’instant !

Tiéman Hubert COULIBALY : Est-ce que vous avez une annonce officielle ?

TV5 : Nous sommes en train d’en parler ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Je vous appellerai à plus de prudence concernant le deuxième candidat que vous avancez. Pour le reste, vous dites que les caisses sont au rouge avec une croissance du PIB à plus de 5% pendant trois quatre ans d’affilés, avec au-delà de 200 mille emplois créés promis par le candidat IBK, avec aujourd’hui l’économie malienne qui est la troisième de l’UEMOA, avec une augmentation remarquable presque historique de la production agricole.

TV5 : Un bilan globalement positif dixit le président IBK lors du début de sa cinquième année de mandat ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Globalement positif oui ! Mais vous pensez qu’un mandat qui commence dans l’état où le Mali était en 2012, 2013 aurai pu être facile. C’est le mandat le plus difficile de l’histoire de notre pays. Car nous avons failli perdre notre pays, suite aux agressions qu’il a subies, suite à la double crise institutionnelle et sécuritaire. Aujourd’hui, la belligérance s’est arrêtée entre l’armée malienne et les groupes signataires de l’accord de paix, aujourd’hui nous avons commencé la mise en œuvre de l’accord pour la paix. On recommence à recenser les combattants afin d’engager les processus de DRR. La mise en œuvre de l’accord même si elle a connu des retards avance avec des pas sûrs et cela est incontestable.

TV5 : Les Nations Unies ont quand même tiqué par rapport à ça. Est-ce que la situation change aujourd’hui selon vous concernant justement l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ?

Tiéman Hubert COULIBALY : Elle change, en témoigne la visite du Premier ministre à Kidal et d’autres régions du nord, et le dialogue positif entre les groupes signataires de l’accord de paix et le gouvernement du Mali. Je vous demande de remarquer une chose qui est extrêmement importante, c’est l’absence de toute belligérance entre l’armée malienne et ces groupes-là et l’absence de belligérance entre les groupes eux-mêmes et cela est une avancée absolument positive. Et le reste, comme le processus politique, électoral, la réforme des institutions tout cela suivra. Nous avançons avec des pas sûrs, peut-être lents, mais nous avançons…

Propos transcrits par Abdoulaye OUATTARA

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