Votre journal a enregistré en début semaine la visite de l’ex joueur international du Djoliba AC, Seyba Coulibaly. Ancien héros de la rubrique ” Que sont-ils devenus ? “, l’enfant de Darsalam qui vit en France depuis plus de deux décennies a tenu par ce déplacement à manifester toute sa reconnaissance à l’endroit du journal, pour sa démarche à travers ladite rubrique. Nous en avons profité pour lui tendre notre micro. 

Aujourd’hui – Mali : Quel est l’objet de votre présence au Mali ?

Seyba Coulibaly : J’ai profité des vacances pour voir la famille à Bamako, surtout la maman. Compte tenu de son âge très avancé, cela va de soi que je vienne régulièrement. L’occasion m’a été donnée aussi de rencontrer tous les anciens joueurs, de tous bords, pour discuter de beaucoup de choses.

Comment les anciens footballeurs sont-ils organisés en France ?

Les jeunes ont créé une association d’anciens footballeurs. L’initiative était prévisible, parce qu’ils sont très solidaires. Mieux l’association que je dirigeais est tombée en disgrâce après ma démission. Les jeunes en ont profité, ils m’ont même désigné comme président d’honneur. J’étais très ému par leur action. Je me suis engagé à les aider en tout lieu et à tout moment. C’est-à-dire que je ne ménagerai rien pour la survie de l’association.

Quelles sont les activités que mène ladite association ?

Ils sont tous des immigrés comme moi, qui travaillent dans différents domaines. Ils s’entrainent tous les weekends, organisent des mini tournois. Je ne suis pas dans certains secrets, mais j’ai la conviction qu’ils ont une caisse pour les cas sociaux.

Quelle est votre contribution dans le développement du football malien ?

Cela est une bonne question. En ma qualité de président d’honneur chargé des équipes, nous dénichons des jeunes talents pour ensuite les mettre en contact avec la Fédération malienne de football. Nous sommes fiers d’apprendre les bons résultats des catégories d’âge. Durant mon séjour, j’ai cherché à voir le ministre des Sports pour lui parler de notre projet et voir dans quelle mesure il peut nous aider pour le déplacement au Cap-Vert. Il y est prévu un tournoi des U 16. Par deux fois, la secrétaire m’a fait savoir que le Ministre est occupé. Je prends les choses avec philosophie. Dans le passé, Maître Jean Claude a eu à me soutenir, pour l’organisation du jubilé de Cheick Fanta Mady Keïta. Je ne saurai oublier tout ce qu’il a fait pour la réussite dudit jubilé. Nous aurons l’occasion de nous voir et j’ai la ferme conviction qu’il fera quelque chose.

Dans votre carrière quel est le match qui vous a le plus marqué ?

Le match inoubliable pour moi s’est joué en 1976 à Banjul, à l’occasion du tournoi Amilcar Cabral. C’était contre la Guinée. A l’issue de la compétition, j’ai été sacré meilleur joueur et meilleur buteur avec 5 buts.  Bref, c’est mon meilleur souvenir.

Il est évident que Seyba Coulibaly a été un grand attaquant, quel était votre secret ?

Seul le travail individuel était mon secret. Je n’avais qu’une seule ambition, être toujours meilleur que les autres. Je m’entrainais tous les matins et après les séances du Djoliba le soir, je prenais la route de Koulouba. J’ai eu la chance d’être un buteur, donc il fallait travailler la condition physique pour pouvoir courir durant 120 mn et ne pas sentir la fatigue.

Vous aimez dire qu’il n’y a pas un bon défenseur, mais un mauvais attaquant

Je tapais sur les nerfs des défenseurs pour les énerver ou les distraire. L’attaquant a toujours l’opportunité d’avoir le ballon avant le défenseur. Dans ce cas, il a toute la latitude de réfléchir comment éliminer son adversaire. Un défenseur est bon, si l’attaquant est mauvais. Cela se comprend facilement, parce que la défense est sur place, uniquement pour détruire. Un attaquant doit beaucoup bouger pour dérouter celui qui le marque.

Il nous est revenu d’apprendre que vos enfants ne sont pas d’accord que vous vous étiez un grand joueur, comment vous les convainquez ?

C’est vrai ? Mon premier garçon est venu me dire que sa maman lui a fait savoir que j’étais un bon joueur, un oiseau rare. Il voulait se rassurer du bienfondé, en plus des photos. Mais grâce à votre rubrique, il a su qui j’ai été dans le passé. Maintenant, il défie ses amis en les renvoyant sur Google pour savoir l’histoire de son papa. Sinon lui-même joue dans une équipe “Issy-les-Moulineaux”.  L’objet de ma visite au siège de votre journal, est de venir vous dire de vive voix que vous abattiez du bon travail.  La rubrique “Que sont-ils devenus ?” a permis de faire sortir de l’ornière tous ces anciens qui étaient tombés dans les oubliettes. J’ai été témoin de l’émotion dans la famille d’Oumar Kassokhé, quand vous l’aviez interviewé. C’est phénoménal. Je félicite une fois de plus la direction du journal.

Votre dernier mot ?

Je voudrai vraiment que nous pensions à organiser une journée de deuil en la mémoire de tous les anciens sportifs du Mali. Tiecoro Bagyoko, Mory Sylla et Benkoro du Réal ont consacré leur vie à l’essor du football malien. J’en appelle au bon cœur de tous mes camarades. Je suis disponible, même s’il faut que je vienne à Bamako uniquement pour la seule journée, je viendrai.

Aujourd’hui pourquoi ne pas donner le nom de Tiecoro Bagayoko au terrain d’entrainement du Djoliba. L’homme méritait cela, eu égard à tout ce qu’il a fait pour le Djoliba, les joueurs.

Permettez-moi de remercier mon père adoptif, Namakan Keïta, qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. C’est toute une famille (à l’image de mes sœurs Fanta Bah, Ami Bah, mes frères) qui s’est dressée comme un seul homme pour ma réussite.

Je ne saurai terminer sans saluer ma femme de tous les temps, Assitan Touré dite Yaoundé, ancienne internationale de basketball du Djoliba.

Mes derniers mots vont à vous, M. Roger, pour tout ce travail que vous faites pour nous les anciens. Surtout, veuillez ne pas vous décourager. Vous ne gagnez rien comme avantages pécuniaires, mais l’histoire retiendra votre plume. Cela est très important dans la vie d’un journaliste.

Propos recueillis par O. Roger SISSOKO

 

Source: Aujourd’hui-Mali