Le trophée de la lutte contre la corruption, décroché par l’ex ministre de la justice Malick Coulibaly et le procureur anti-corruption Mohamoud Kassogue, Bakary Togola, est désormais libre, du moins provisoirement. Annoncée il y a trois semaines – vraisemblablement pour tâter le pouls de l’opinion publique -, la libération du désormais ex-président de l’APCAM incarcéré pour présomption de faux et usage de faux, de malversation et de détournement de ristournes de la confédération des sociétés coopératives des producteurs du coton, est devenue effective après moult tentatives pour échapper des griffes de la justice la conquête d’un siège parlementaire au sein de la sixième législature. Rejetée en septembre 2020, sa demande de liberté provisoire a été finalement ordonnée par la chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Bamako, moyennant une caution de 3,5 milliards de FCFA, selon nos sources. Outre la caution, ajoutent les mêmes sources, la décision d’octroyer une liberté provisoire à Bakary tirerait argument de son état de santé qui s’est détérioré au fil de sa détention depuis septembre 2019.

Comme chefs d’inculpations, selon les explications du procureur Kassogué, lors d’un point de presse, sur un total de plus de 13 milliards, de 2013 à 2018, seuls 4 milliards environ semblent réellement revenus aux paysans ou du moins ont pu être justifiés par les services du bouillant président de la Confédération des Sociétés Coopératives de Producteurs de Coton (C-SCPC). Et, faute de justificatifs, environ 9 autres milliards restent en souffrance, avait soutenu le procureur, en se fondant sur des enquêtes du Pôle économique ayant permis de déceler que des comptes de Compagnie Malienne de Développement de Textile (CMDT) ont effectivement été débité d’un montant cumulé de 13,431 milliards FCFA entre 2013 et 2018 pour le compte de la Confédération des Sociétés Coopératives de Producteurs de Coton (C-SCPC). Sur lequel montant seuls 8,854 milliards ressortent des pièces justificatives disponibles dans la comptabilité de la Confédération. Sur ce montant comptabilisé, il n’existe aucune trace pour 4,886 milliards. Ce qui fait, selon le procureur, un total 9,462 milliards FCFA, non justifié.

 

Amidou Keita

Source: Le Témoin