Le Mali est un pays fragile, c’est du moins l’avis de l’économiste Modibo Mao Makalou qui a décelé une vulnérabilité persistance de la structure des comptes extérieurs en 2O19 sur les transactions économiques et financiers entre le pays et le reste du monde. Il estime que le déficit est trop élevé. Lisez plutôt !

La balance des paiements enregistre systématiquement toutes les transactions économiques d’un pays avec les autres pays durant une année. Ainsi, selon la balance des paiements du Mali pour 2019 dont les données ont été communiquées le 31 mars 2021 par les autorités maliennes à l’occasion de la Journée de diffusion des Comptes Extérieurs 2019, les transactions économiques et financières entre le Mali et le reste du monde, au titre de l’année 2019, se sont traduites par un solde global de la balance des paiements (variation des avoirs extérieurs net par rapport au solde de la balance des paiements) excédentaire de 264,2 milliards de F CFA, après un solde, également excédentaire, de 104,9 milliards de F CFA en 2018 et des déficits de 41 milliards F CFA en 2017 et 223 milliards F CFA en 2016.

Cependant, la structure des comptes extérieurs en 2019 révèle la persistance d’une vulnérabilité, avec un déficit courant qui s’est creusé, en ressortant à 7,5% du Produit Intérieur Brut (PIB). Le besoin de financement, de 641,2 milliards de FCFA subséquent à cette dégradation du solde courant, a été couvert. En effet, les investissements directs (participations et instruments de dette), les investissements de portefeuille (émission de bons et d’obligations du Trésor public) et les tirages de prêts de l’Administration publique et du secteur privé ont permis de financer les besoins à hauteur de 871,4 milliards FCFA. Pour l’année 2019, les flux mobilisés à travers les émissions de titres publics ont atteint 152,9 milliards FCFA, soit 14,8% du total des flux financiers.

Au Mali, une progression de l’activité économique a été observée en 2019, avec un taux de croissance du PIB de 4,8%, après 4,7% en 2018. Le taux d’inflation s’est établi à -3,0% en 2019 contre 1,9% en 2018, en conformité avec la norme de 3,0% maximum fixée par les critères de convergence de

l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Au niveau des finances publiques, le déficit global, base engagements et dons compris, s’est amélioré en 2019, en s’établissant à 1,7% du PIB après 4,8% du PIB en 2018. Les recettes totales ont atteint 1.981,7 milliards FCFA, soit 622,9 milliards FCFA ou 45,8% de plus qu’en 2018. S’agissant des recettes fiscales, elles ont été arrêtées à 1.563,9 milliards FCFA contre 1.190,5 milliards FCFA en 2018, soit une augmentation de 373,4 milliards ou 31,4%. Les envois de fonds des travailleurs migrants sont ressortis à 529 milliards FCFA en 2019 contre 521 milliards FCFA en 2018.

Les transactions économiques et financières entre le Mali et le reste du monde, au titre de l’année 2019, se sont traduites par un solde global de la balance des paiements excédentaire de 264,2 milliards de FCFA, après un solde, également excédentaire, de 104,9 milliards de FCFA en 2018.

Le compte des transactions courantes a enregistré un déficit de 755,1 milliards en 2019 (7,5% du PIB), en détérioration par rapport à 2018 où il est ressorti à -464,5 milliards (4,9% du PIB).

Le compte de capital s’est détérioré de 14,3%, pour ressortir à 113,9 milliards de FCFA.

Quant au compte financier, il a enregistré un solde de 871,4 milliards de FCFA, après 400,7 milliards de FCFA en 2018, en liaison avec l’évolution des investissements directs et des autres investissements.

Les créances nettes des institutions de dépôt sur les non-résidents se sont accrues de 264,2 milliards entre 2018 et 2019, soit 181,0 milliards pour la Banque Centrale et 83,2 milliards pour les Autres institutions de dépôt, correspondant au solde global de la balance des paiements.

La position extérieure globale s’est chiffrée à -5.589 milliards après -4.959 milliards un an plus tôt, en raison de l’augmentation plus rapide du stock de passifs financiers envers les non-résidents.

Le solde de la balance commerciale s’est dégradé en 2019, suite à la hausse des importations (14,7%) par rapport aux exportations (8,1%). Le continent africain a consolidé sa place de principal fournisseur du Mali avec 51,8% des importations pour un montant de 1.558,1 milliards (en valeur CAF) contre 1.245,9 milliards (47,5%) en 2018, marquant ainsi une hausse de 4,3%. L’Europe a suivi l’Afrique en totalisant 22,0% des importations en 2019 (663 milliards), soit 0,2 point de pourcentage de plus que l’année 2018. Enfin l’Asie arrive en 3ème position de fournisseur du Mali avec 21,0% des importations, pour un montant de 631,5 milliards soit un repli de 3% par rapport à 2028.

Les transactions commerciales avec l’extérieur se sont soldées en 2019 par un déficit de 373,6 milliards, en détérioration de 161 milliards FCFA par rapport à 2018 où elles avaient affiché un déficit de 212,6 milliards. Pour l’année 2019, les exportations de biens étaient évaluées à 2.153,4 milliards FCFA soit une hausse de 162 milliards FCFA, soit 8,1% par rapport à l’année 2018 qui se chiffraient à 1991 milliards FCFA. Trois principaux produits dominent les exportations du Mali, à savoir l’or non monétaire (72,7%), le coton fibre (11,9%) et les animaux vivants (5,7%).

Les exportations vers le continent africain se sont inscrites à 1.038,4 milliards en 2019 (48,2% du total), en hausse de 47,6% par rapport au niveau de l’année précédente. Ces exportations, constituées pour une grande part d’or non monétaire, ont augmenté de 9,4% en 2019. En 2019, 49,7% des exportations d’or, soit 778,1 milliards FCFA, étaient destinées à l’Afrique du Sud contre 46,5% en 2018 (645,3 milliards FCFA). L’Europe qui occupe le deuxième rang en termes de destination des exportations. Sa part dans le total des exportations du Mali est en augmentation de 4,2 % par rapport à l’année précédente, pour un montant de 816,6 milliards FCFA en 2019 (37,9%), après 670,8 milliards FCFA (33,7%) en 2018. Le continent asiatique occupe le troisième rang, en termes de destination des exportations en 2019. Sa part dans les exportations totales s’est établie à 13,2% du total, soit 285,1 milliards, après 17,9% en 2018, avec notamment la Chine, l’Inde et la Thaïlande, principales destinations pour le coton-fibre du Mali. Il en est de même pour l’or artisanal qui est essentiellement exporté vers Dubai.

Le ratio de solvabilité (service de la dette publique extérieure/exportations) s’est inscrit à 5,7% en 2019, contre 5,1% en 2018, du fait essentiellement de l’augmentation du service de la dette à hauteur de

22,4%.

Bamako, le 4 avril 2021

Modibo Mao MAKALOU

MBA 

Source: Azalaï Express