Dans les universités publiques maliennes, après chaque entrée universitaire, les membres de l’Aeem (Association des élèves et étudiants du Mali) accueillent les nouveaux bacheliers dans les amphithéâtres et autres salles. Après leur avoir souhaité la bienvenue, ils passent aux recrutements de futurs militaires et gendarmes qui, finalement, finissent par imposer leur dictature sur les étudiants qui ont décidé de se mettre en marge de la formation commando.

Les différents formateurs apprennent aux nouveaux venants toutes sortes de choses : violences, agressivités, chefferies et surtout mégalomanies. Durant les formations, les adhérents, en plus de leurs identités civiles, doivent avoir des pseudonymes. Cela peut être ceux des animaux comme : « lion, éléphant, vipère, aigle,…» ou encore des étiquettes effrayantes comme « terroriste, mercenaire, agent, méchant, …» enfin des identités des légendes « Thomas Sankara, Nelson Mandela, Cabral, Che Guevara », etc. Comment étudier dans la jungle ou dans des camps de formation ?

Si par malheur, un étudiant dit «parfait» refusait d’obtempérer, il serait maltraité, malmené et blessé. Et cela, les nouveaux «sous-officiers, guerriers de l’Aeem» s’érigent en maître absolu dans leurs différentes salles. Certains vendent des copies et brochures à des prix élevés. Gare à celle ou celui qui les dénoncera. Par peur, ils se taisent. Cela les terrorise. Leur slogan est : « Les ordres sont à exécuter et non à discuter.» Souvent, lors des cours et conférences, derrières les amphis, ils se mettent à chanter et déranger ceux-là qui sont en pleins cours. Que des perturbations !

Il serait mieux que les secrétaires généraux de différentes facultés exigent aux nouveaux adhérents de se comporter bien et que leurs formateurs soient des exemples. L’université n’est pas un lieu de formation militaire, ni de guerre encore moins de corruption. Il faut que les administrateurs veillent à ce que les étudiants puissent apprendre dans de bonnes conditions et qu’ils rassurent les nouveaux étudiants qui sont déjà menacés. Il faut dès maintenant anticiper les choses et freiner ce phénomène qui devient recrudescent.

Ousmane Ambana

Source: Journal le Démocrate- Mali