Le rêve du musicien Abdoul Fouad Do est de voir le sourire sur les visages au Mali lors d’un concert géant réunissant l’opposition, le gouvernement et les groupes armés. « J’attends la paix totale au Mali pour organiser un méga-concert dans le plus grand stade du Mali », a expliqué le reggaeman malien d’origine ghanéenne lors d’un entretien réalisé le 7 mars sur la musique reggae, le rastafarisme et la drogue.

Ce concert dont rêve Abdoul Fouad Do s’inscrira dans la tradition reggae voulue par Robert Nesta Marley qui a organisé un concert mémorable en Jamaïque pour mettre fin à un conflit entre l’opposition et le pouvoir. «Bob Marley avait initié le concert  Smile Jamaica; donc j’attends ce jour –là pour mon concert. Je commencerai par un Sound système d’abord, puis je ferai un live avec mon groupe jusqu’à l’aube, et je vais inviter tous les responsables, du président de la République au dernier poste gouvernemental, l’opposition et les groupes armés », a-t-il poursuivi.

Abdoul Fouad Do tient à réhabiliter l’image de la musique reggae, expliquer le sens du rastafarime et dénoncer l’usage de la drogue. «Les gens font la confusion entre le reggae, un genre de musique, et le rastafarisme qui est un mode de vie inspiré de Hailé Selacié, le dernier empereur d’Ethiopie », a raconté le musicien qui vit au Mali depuis les années 84.

La musique reggae n’a jamais été un terrain de la drogue, selon l’artiste qui a sillonné plusieurs pays avant de s’installer au Mali. Au cours de ses voyage, il a ainsi croisé de grands noms de la musique reggae comme Jimmy Cliff qu’il a rencontré au Ghana, le groupe Scarta Light, qui sont des Jamaïcains croisés en Côte d’Ivoire ou encore Johny Nash, un autre reggaeman Jamaïcain.

Ces musiciens étaient des reggaemen mais pas des rasta, à en croire Abdoul Fouad Do. Et Carlton Baret, le célèbre bassiste du groupe « The Waillers » de Bob Marley n’a jamais fumé de la marijuana de toute sa vie.

Cette drogue est connue sous plusieurs noms. «En Jamaïque certains l’appellent le Sinsinmina, le Gandia, le Crack ou Indian Hemp. Au Mali, certains l’appellent Joint. Mais la drogue n’a rien à voir avec le rastafarisme », a affirmé Fouad Do.

Parlant du rastafarisme, le reggaeman rappela qu’il s’agit d’un mouvement inspiré de la vie d’un homme sain, propre, tout le contraire des types sales qui se promènent à Bamako prétendant être rasta. «A Bamako, certains se trouvent à la police avec 2 ou 3 kilos de marijuana et se réfèrent au rastafarisme pour se défendre. Ce n’est pas vrai, le mot Ras (leader) et Tafari désignent le nom de Sélacié. Tafari Macoré est le nom de trône qu’il a eu », a-t-il dit.

Pour être plus précis, Abdoul Fouad Do a fait savoir que le rastafarisme, la drogue et le dreadlock ( les cheveux frisés) sont des choses à séparer. Bien sûr, a-t-il reconnu, ces 3 choses peuvent être unies selon la personnalité. «Depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais fumé, et pourtant je fais de la musique qui est appréciée partout. En 2012, j’ai fait le single Bother and Sister pour la paix au Mali, il a été aimé partout », a-t-il dit.

Le couronnement de cet engagement en faveur de la paix au Mali sera le méga-concert scellant définitivement la paix. Ce sera également une belle preuve du rôle pacifique que la musique reggae défend toujours.

Soumaila T. Diarra

Source: Le Républicain