Où va la musique malienne ? En tout cas ce qu’en font les cantatrices-artistes ces dernières années n’augure rien de bon pour l’avenir. C’est comme si elles n’étaient plus inspirées que pour régler les comptes entre elles. Au point de saper l’excellent travail que font leurs arrangeurs. Au niveau des mélodies et des rythmes, rien à dire. Mais, les textes sont souvent remplis de rancune, de rancœur, de haine, d’invectives…

Nos cantatrices-artistes sont ainsi devenues des armes de règlement de compte au mépris de la stabilité des foyers. Il n’est plus donc rare de voir l’une d’elles chanter les louanges d’une maîtresse très généreuse pour narguer une épouse légitime lors des cérémonies sociales (mariages, baptêmes). Et vice versa.
Et pourtant, il y a peu de temps seulement, nos griots étaient plutôt les gardiens de nos traditions, de nos valeurs… Ils étaient les aiguilles toujours promptes à coudre la moindre fissure dans une relation, un foyer, une communauté voire dans une société. Ils tissaient l’amour, la solidarité, la cohésion, l’entente…

Malheureusement, ces valeurs disparaissent parce que piétinées par celles et ceux qui devaient veiller à leur perpétuation, à leur respect… De nos jours, nos cantatrices font donc partie des plus grandes menaces à la stabilité de nos familles, de notre société… à cause de l’argent, elles détruisent des couples et brisent des amitiés…

«à mon avis, ce phénomène a commencé ou a été en tout cas perceptible avec l’éclatement du groupe dit des étoiles montantes d’une célèbre cantatrice qui a eu un moment la main mise sur les jeunes griottes talentueuses à qui elle offrait de belles opportunités de carrière. Mais, le succès de certaines et des histoires de cœur ont fissuré le groupe», nous confie un manager culturel qui a requis l’anonymat.

éffectivement nous nous souvenons de cette période où certaines filles et jeunes dames se délectaient des frasques de ces jeunes chanteuses qui n’hésitaient plus à se «taper dos» comme le dit le célèbre groupe ivoirien, «Magic System» (Tapé Do). On apprenait que telle sortait avec le copain ou le mari de telle autre.
«Ce qui fait que les ‘Sumu’ de mariage ou de baptêmes voire des concerts devenaient aisément des scènes de règlement de comptes entre cantatrices et même entre leurs fans avec souvent une vulgarité indigne de celles qui devaient être des références pour leur génération».

La rivalité a toujours existé entre les griottes. Mais, jadis, c’était une concurrence saine qui se manifestait dans le look (qualités des habits, manière de s’habiller) et aussi dans la maîtrise de la voix et des chants du terroir… l’art de chanter qui était un atout pour élargir le cercle des « Diatigui ».

Les Siramory Diabaté, Tata Bambo Kouyaté, Ami Koita, Bako Dagno, etc, ont porté haut le flambeau de la musique traditionnelle malienne, sans jamais tomber dans le travers des invectives en public. Les jeunes doivent s’en inspirer et continuer à perpétuer la qualité de notre musique que beaucoup nous envient à travers le monde. Il est vrai qu’avec les facilités de la promotion grâce aux nouvelles technologies, beaucoup deviennent trop vite des vedettes sans en avoir l’étoffe ni le talent.

Ce qui se passe de nos jours est vraiment dommage pour un pays dont le patrimoine culturel et artistique est encore largement sous-exploité. à l’image de nos rappeurs, qui ont compris que se clasher à longueur de journée et sur toutes les scènes ou sur les réseaux sociaux ne peut leur procurer qu’un succès à la limite éphémère que celle de l’originalité de la créativité, espérons que nos cantatrices vont prendre conscience qu’elles sont porteuses de valeurs à perpétuer !

Source: Essor