Après huit ans de silence, la diva et femme d’affaires sort le CD Mogoya. Un équilibre subtil et entraînant d’instrumentations africaines et de groove contemporain.

oumou sangare artiste chanteuse malienne

Que signifie “Mogoya” en bambara?

“Les relations humaines d’aujourd’hui.” Mon but est de dénoncer ce qui ne va pas dans la société. Les liens entre les gens se dégradent, la parole donnée n’est plus respectée, l’amour pour son prochain se perd. Au Mali, et dans ma région d’origine, le Wassoulou [NDLR: au sud de Bamako], la musique sert à transmettre des messages. Il est plus facile de changer l’opinion avec des chansons qu’à travers les journaux ou les discours des hommes politiques.

Pourquoi cette tonalité afro-pop?

J’ai essayé d’évoluer vers un son moderne sans changer d’identité. La jeunesse me réclamait autre chose. On me disait: “Oumou, on aime ta voix, mais on a du mal à danser sur ta musique.” Il y a aussi l’envie de toucher le public européen.

Le titre Yere Faga aborde un sujet grave et méconnu: le suicide des jeunes Maliens.

Je les encourage à ne pas baisser les bras: “Personne ne doit se tuer à cause de la souffrance […] Regardez-moi, je ne me suis pas donné la mort malgré mes difficultés.” A l’âge de 13 ans, au lieu d’aller à l’école, je faisais vivre ma mère et mes cinq frères et soeurs en chantant dans la rue. La vie est un combat. Il faut l’accepter. Aujourd’hui, je dirige un hôtel, possède une marque de 4×4 (Oumsang), une ferme… Je veux aussi montrer que les femmes peuvent réussir.

Mogoya (No Format). En tournée. Le 27 juin à La Maroquinerie, Paris (XXe).

Propos recueillis par Julien Bordier, publié le 05/06/2017 à 07:40 , mis à jour à 11:33