Le conseil de sécurité de l’ONU a entamé son troisième jour de visite au Sahel, à travers une réunion avec les parties signataires de l’Accord pour la Paix et Réconciliation au Mali le samedi 21 octobre 2017, à travers le Comité de suivi de l’accord. Après cette importante rencontre, les membres du CSA ont échangé, dans la matinée, avec la presse, à l’Hôtel Radisson Blu de Bamako.

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Cette conférence de presse était animée par le président du CSA, le diplomate algérien, Ahmed BOUTACHE, qui avait à ses côtés, deux membres du gouvernement, dont Tiéna COULIBALY, ministres de la Défense et des anciens combattants et son homologue de l’Artisanat et du tourisme, Nina Walett INTALLOU. On y notait également la présence des responsables de la MINUSMA, dont Mahamat Saleh ANNADIF, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU ; les représentants de la plateforme et de la CMA.
Cette rencontre avait objectif de faire le point des derniers développements de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation et encourager les parties signataires à accélérer le processus qui traine en longueur.

Une réunion importante
À l’entame de ses propos, le conférencier, Ahmed BOUTACHE, a indiqué que c’était une importante réunion qui a rassemblé tous les membres du Conseil de sécurité de l’ONU et les membres du CSA, une autre occasion de faire le point de la situation de l’évolution du processus de mise en œuvre de l’Accord.
« Nous sommes tous convenus qu’on ne peut pas nier qu’il y a eu des pas importants qui ont été franchis grâce à la bonne volonté des uns et des autres ; grâce à l’attachement, mainte fois réaffirmé par tous, à l’Accord et à sa mise en œuvre », a-t-il souligné.
De même, a-t-il reconnu, il reste aussi évident qu’il y a d’autres pas à franchir, des objectifs à concrétiser dans des délais rapprochés, au bénéfice du Mali et de l’ensemble du peuple malien, tout particulièrement les populations du nord qui attendent avec impatience les dividendes de cet Accord.
« Ils le seront, nous y croyons fermement », a-t-il affirmé.
Pour cela, il faut, de l’avis de M. BOUTACHE, que les uns et les autres redoublent d’efforts en termes de volonté, davantage de sincérité dans les engagements et surtout, une plus grande confiance entre les parties et une coopération plus dense entre elles pour permettre à tous d’être au rendez-vous de l’histoire et à la hauteur des attentes de tous.
Dans ses propos, le président du CSA a invité les signataires de l’accord et les partenaires du Mali à garder à l’esprit qu’il ne s’agit pas ‘’d’une mince affaire d’appliquer un accord qui vient mettre un terme à une très longue période d’instabilité’’. La rébellion de 2012, a-t-il fait avoir, n’est que la dernière d’une longue série et il est très difficile de parvenir à établir une réelle confiance entre l’ensemble des parties impliquées et à les faire travailler ensemble.

L’engagement des parties
Les parties maliennes, a-t-il reconnu, sont en train de travailler pour que les choses puissent aller mieux et le plus important, c’est de faire en sorte que le processus ne déraille pas, malgré les difficultés.
De son avis, la seule présence dans la salle de l’ensemble des parties maliennes est en soit, un progrès, un résultat qu’il faut souligner et saluer.
Cependant, a-t-il expliqué, il y des difficultés dans la concrétisation des autres objectifs dans l’Accord.
« Nous nous sommes tous engagés à faire en sorte que ces objectifs soient réalisés dans les meilleurs délais possibles. Et que tout le monde puisse notamment, du côté des parties maliennes, qui ont la responsabilité de la mise en œuvre de l’Accord, puissent faire preuve davantage de bonne volonté, de sincérité dans l’engagement et surtout de confiance entre elles », a-t-il conseillé.
Au cours de la réunion avec les membres du Conseil de sécurité, nous a-t-il confié, les échanges ont porté sur la question de la révision constitutionnelle, la loi sur les collectivités territoriales et sur la libre administration des collectivités.
À ce niveau, a-t-il fait savoir, les groupes armés ont exigé que leurs préoccupations soient prises en charge par ces nouveaux textes.
« Je pense qu’il n’y aura pas de difficulté insurmontable à trouver une solution consensuelle au niveau des parties maliennes elles-mêmes », a-t-il préconisé.
D’ailleurs, a-t-il indiqué, il y a des rendez-vous qui ont été pris pour la poursuite du dialogue entre les parties maliennes pour pouvoir trouver des solutions à ces problèmes et les prendre en charge.

L’ONU exige la présence des symboles de l’État à Kidal
De ses propos, il ressort que le conseil de sécurité a égrainé une liste de six ou sept urgences qui doivent être prises en considération immédiatement pour avoir des résultats dans le plus bref délai.
Il s’agit du chronogramme concernant les programmes d’urgence au niveau de la région. Et l’autre chronogramme concernant, tout ce qui n’a pas jusque-là été fait dans les dispositions prévues par l’Accord qui sera pris en charge au niveau du CSA.
Le président du conseil de sécurité, nous a-t-il rapporté, a parlé de la lutte contre l’impunité ; de la sanction des violations ; du retour des symboles de l’État malien à Kidal ; de l’opérationnalisation des autorités intérimaires ; de l’installation du MOC.
Contrairement à toute la période que nous avons vécu jusque-là, M. BOUTACHE pense qu’actuellement, il y a des mécanismes qui viennent renforcer cette mise en œuvre de l’Accord. Il s’agit notamment, du régime des sanctions qui a fait l’objet d’une résolution du Conseil de sécurité.
« Cela aidera beaucoup à mettre chacun devant ses responsabilités ». De même, il y a la désignation de l’observateur indépendant.
« Les parties maliennes se sont mises d’accord pour que ce soit le Centre Carter qui assure cette mission. Cette question sera finalisée, sur le plan des procédures, à l’occasion de cette 21e session du CSA qui s’ouvre ce lundi. », a-t-il précisé.

L’opposition sermonnée
S’agissant des voix qui se lèvent de plus en plus pour demander la lecture de l’Accord, notamment dans les milieux de l’opposition politique, le ministre Tiéna COULIBALY, a indiqué que l’Accord était certes imparfait, ‘’mais il a été préféré au pire’’ : le retrait d’une des parties de l’Accord, donc de la paix.
De son côté, le président du CSA renchérit : « le président IBK qui est un homme de paix, qui a su ramener la paix dans son pays, n’aurait pas accepté cet accord s’il savait qu’il était préjudiciable aux intérêts fondamentaux de ce pays. Je sais que c’està une question interne aux Maliens, il n’est pas de mon rôle de me prononcer là-dessus. Mais comme dans tous les pays du monde, l’opposition a toujours un beau rôle dans les situations inconfortables pour le pays ».

Par Abdoulaye OUATTARA

 

Source: info-matin