Désigné en janvier dernier par le Comité de Suivi de l’Accord de Paix, le centre Carter doit contribuer à identifier de manière impartiale les blocages dans le processus de mise en œuvre de l’Accord et à recommander des mesures pour faire avancer la mise en œuvre du processus. Il vient de rendre public son premier Rapport dans lequel il salue des avancées, mais dénonce les lenteurs.

Ça devient une rengaine. La lenteur de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix. En ce mois de mai, nous célébrons les trois ans de sa signature. S’il a permis de faire taire les armes entre les Groupes signataires, il faut reconnaître que beaucoup reste à faire dans son application. «Comment des acteurs qui se sont engagés volontairement sans pression aucune, peinent à mettre en œuvre ce qu’ils ont signé ? ». Cette interrogation d’un journaliste  est l’écho de nombreuses populations qui, par cette question, démontrent leur désarroi et leur frustration face à ce qu’ils considèrent comme un jeu de «cache-cache».  Le Rapport de l’observateur indépendant n’aura, donc, rien apporter de nouveau sous nos cieux. En gros, le Rapport (Janvier- Avril) dit qu’il y a trop de retard. «Au cours des quatre mois d’observation, l’observateur indépendant a constaté que les parties n’ont pas respecté les délais qu’elles avaient elles-mêmes établis».

D’habitude, les causes du retard sont peu connues, tant les différentes parties se rejettent mutuellement la faute.  Avec l’observateur, les Responsabilités sont situées. Selon le centre Carter « le Gouvernement du Mali a fait preuve de peu de consistance dans son engagement ». En mille mots comme en un seul, l’observateur voudrait dire que le Gouvernement ne fait pas face à ses engagements. Dans ces conditions, comment espère-ton sortir de cette situation ? Combles, ces accusations sont formulées à l’endroit d’un Régime qui a décidé de faire du retour de la paix l’épine dorsale de son quinquennat.

Si l’État est épinglé dans le Rapport les groupes armés ne sont pas non plus épargnés. «La CMA et la Plateforme ont manifesté de la passivité et ont rarement pris des initiatives». Même l’observateur indique que les choses se sont améliorées entre temps, elles sont aussi pour beaucoup en ce qui concerne le blocage de l’Accord. L’observateur a véhément dénoncé le fait que les groupes armés ne parviennent toujours pas à remettre les listes de leurs combattants afin de permettre un désarmement.

«Le Comité de suivi n’assume pas toutes les responsabilités que lui confie l’Accord ; notamment, celles de superviser et de coordonner le processus de mise en œuvre», dit le Rapport. À quoi bon de l’appeler dès lors, comité de suivi ? Trop de manquements de la part de l’ensemble des acteurs. C’est ce que le Rapport dit en somme. S’agissant de la Communauté internationale, l’observateur pense que cette dernière fait assez de sacrifices humains et matériels pour permettre au Mali de sortir de la crise. Même si cet avis n’est pas partagé  par bon nombre de journalistes présents à la présentation du Rapport. Certains sont allés jusqu’à proposer une révision dudit accord qui serait devenu lui-même «le problème».

Il faut à ce jour se concentrer sur les prises de décisions en lieu et place des ateliers, un engagement plus accru des parties auprès des populations ; améliorer la communication autour de l’Accord pour que la population s’en approprie. Voilà, entre autres, les recommandations formulées par l’observateur Carter.

Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT