La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger a du plomb dans les ailes. Le Comité pour le Suivi de l’Accord (CSA), la structure qui est chargée de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, traverse en effet des graves turbulences. Après l’annulation de la réunion du CSA prévue à Kidal, la CMA et la Plateforme demandent la tenue d’une réunion, de toute urgence et avant toute autre étape, avec tous les acteurs.

L’annulation de la 38ème session du CSA qui devait se tenir le 17 septembre à Kidal a ravivé les problèmes. Courroucée par cette annulation décidée par le gouvernement malien, la CMA a demandé « une réunion urgente et avant toute autre étape avec la communauté́ internationale et les autres parties de l’accord dans un lieu neutre pour clarifier l’ensemble des questions pendantes notamment la « raison d’Etat impérative » qui a motivé l’annulation de la 38ème session du CSA, afin de procéder à une évaluation transparente de la situation actuelle et de la gouvernance de l’accord.» Dans un communiqué conjoint, la CMA et la Plateforme ont réitéré la même requête. Les deux mouvements ont aussi réitéré « leur attachement à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali et à sa mise en œuvre intégrale et appellent la Partie gouvernementale à ne pas céder à la tentation de s’écarter du cadre de l’APR.»

Nommé ambassadeur de l’Algérie en Italie, Ahmed Boutache quitte la présidence du CSA à un moment où la structure, qui est chargée de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, est dans l’impasse. Selon l’ambassadeur Boutache, le contexte actuel « marqué par davantage de complexité des difficultés qui caractérisent le processus de mise en œuvre de l’Accord nécessite sérénité, patience et persévérance dans l’effort afin de passer ce cap qui n’augure pas de jours meilleurs pour l’application de l’Accord menée si patiemment et avec foi et conviction, tout au long de ces cinq dernières années.»

Parmi les difficultés auxquelles Ahmed Boutache fait allusion, il y a cette décision d’annuler la tenue de la 38ème session du CSA, ce 17 septembre, à Kidal. Selon Tiébilé Dramé, le Ministre des affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, c’est au regard d’éléments nouveaux que le président de la République a souhaité que le CSA ne se tient pas à Kidal. A ses dires, les plus hautes autorités du Mali ont décidé de reporter la 38ème session du CSA à une date ultérieure afin que toutes les conditions soient réunies à Kidal pour ce faire.

« Suite à la décision prise souverainement par le gouvernement de la République du Mali en raison d’impératifs qui lui sont propres, que la 38ème session statutaire du CSA se tienne à Bamako et non pas à Kidal, comme initialement prévu et décidé par le CSA, conformément aux dispositions pertinentes de l’Accord, en l’occurrence la CMA, partie signataire de l’Accord, a publié, ce jour, un communiqué officiel par lequel elle élève une protestation contre l’annulation de la tenue de la 38ème session du CSA à Kidal et introduit une demande pour la tenue d’une réunion urgente avant toute autre étape avec la communauté internationale et les autres parties à l’Accord dans un lieu neutre en vue de clarifier l’ensemble des questions pendantes, notamment la raison d’Etat impérative qui a motivé l’annulation de la 38ème session du CSA… », explique Ahmed Boutache.

« Devant ce sérieux développement, signe avant-coureur d’obstacles non négligeables qui viendront, dans un avenir non lointain, obérer et affaiblir le processus de mise en œuvre de l’Accord qui, au lieu d’être accéléré comme ne cesse de le réclamer la communauté internationale, risque de connaitre encore davantage de retard, et ce, à une phase cruciale qui devrait voir lancés les grands, notamment la révision constitutionnelle», selon Ahmed Boutache.

Pour rappel, le Niger, afin de protester contre la gestion de Kidal par la CMA, a suspendu sa participation, le 13 septembre dernier, aux travaux du Comité de Suivi de l’Accord. Cette décision a été précédée par une série de sortie médiatique du président nigérien Mahamadou Issoufou contre le statut actuel de Kidal. De son avis, la situation hors de contrôle à Kidal contribue à la propagation du terrorisme dans la région. Il a ainsi déclaré, samedi 7 septembre dernier, lors d’une visite au Mali que le statut de Kidal, aux mains des ex-rebelles, est une menace pour le Niger et que des actes terroristes sont parfois commis avec la complicité de certains signataires de l’accord de paix d’Alger.

Source: Le Républicain