Selon l’article 21 de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les ‘’forces armées et de sécurité reconstituées se redéployeront, de manière progressive à compter de la signature de l’Accord, sur l’ensemble des régions du nord. Ce redéploiement s’effectue sous la conduite du Mécanisme Opérationnel de coordination (MOC), avec l’appui de la MINUSMA’’. La fin de la formation pour 1 006 éléments du MOC marque inéluctablement le départ de l’armée reconstituée du Mali.

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation AU Mali, issu du processus d’Alger, le Mali vient de faire un pas important après un moment de stagnation. Ainsi, la formation militaire de la première vague du contingent DDR a pris fin lundi 2 septembre 2019, à Bapho dans la région de Ségou. Ils sont au total, 1 006 éléments constitués de 66 officiers, 221 sous-officiers et 719 militaires du rang. Les personnels de ce contingent ont été formés à l’EMIA pour les officiers, à Bapho, Siby et Markala pour les militaires du rang et à Banankoro pour les sous-officiers.
La hiérarchie militaire les a appelés à l’observation stricte et entière des principes républicains. Tirant certainement les leçons des précédentes intégrations, depuis la Flamme de la paix, le Chef d’état-major de l’Armée de Terre (CEMAT), en charge de la formation, les a exhortés à l’obligation du respect du drapeau national, des lois de la république, au respect des lois et des principes vertueux. Le général de brigade Kèba SANGARE a insisté sur l’honneur, la loyauté, la fidélité, mais aussi et surtout sur la discipline militaire, humaine et sociale. Il les invite à servir avec droiture, engagement et dignité.
Le ministre Lassine BOUARE, en charge de la Cohésion sociale, de la paix et la réconciliation nationale, a exprimé un sentiment de satisfaction partielle. Il félicite tous les acteurs pour l’aboutissement partiel. Il lance un appel : « certes l’accord n’est pas parfait, mais il permet de nous retrouver pour l’évaluation des acquis et des attentes. Ces premiers éléments constituent une preuve matérielle de la volonté de tous à mettre en œuvre l’Armée reconstituée contenue dans l’Accord pour la paix et la réconciliation ».
Le ministre BOUARE a souhaité l’accélération du reste du programme. Car, « plus on traine, plus les ressources en pâtissent », a-t-il mis en garde. Selon lui, ces soldats sont, à partir de cet instant, mis à la disposition du ministère de la Défense et des anciens Combattants.
Le général de division Ibrahima Dahirou DEMBELE a salué les mouvements qui ont fait confiance aux FAMa, avant d’inviter au respect des lois et règlements, car « ces personnels sont désormais des FAMa à part entière ».
Le Président de la Commission DDR, Zahabi Ould Sidi Mohamed, a pour sa part salué un grand pas et un grand jour pour la construction de l’unité nationale avant de se convaincre que « le Mali s’en sortira ».
Si la Coordination des mouvements armés (CMA), malgré la présence de son représentant à la cérémonie de sortie du contingent, reste silencieuse, la Plateforme des Mouvements du 14 juin 2014 d’Alger, dans un communiqué, ce 2 septembre 2019, « adresse ses vives félicitations au Gouvernement du Mali, à l’ensemble de la Médiation internationale, au chef de file l’Algérie, et à la MINUSMA pour les énormes moyens déployés pour réussir cette opération, aux Forces Armées Maliennes et internationales, à la CMA, aux Mouvements dits de l’inclusivité ainsi qu’à tous les acteurs qui ont permis la sortie de la première promotion des ex-combattants des Mouvements signataires du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) suite au DDR accéléré ».
Aussi, la Plateforme appelle-t-elle tous les partenaires du Processus à poursuivre leurs efforts pour parachever la mise en œuvre de l’Accord, notamment le volet Désarmement et Intégration ; attire leur attention sur l’urgence de l’opérationnalisation des Bataillons des Unités Spéciales (BUS) à travers ces premiers éléments de l’armée reconstituée, gage du retour de la paix et de la sécurité au Mali.
La Plateforme des Mouvements du 14 juin 2014 d’Alger lance un appel au Gouvernement, aux Mouvements et aux Partenaires à promouvoir une communication autour de ces avancées notoires pour renforcer l’accompagnement du processus par les populations.
Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général de la Plateforme, a invité ces désormais FAMa à se libérer du joug des mouvements, des ethnies, des communautés s’ils veulent respecter leur choix du Mali.
Ce pas ne devrait toutefois pas occulter les nombreux défis qui restent à relever pour la mise en œuvre effective de l’Accord. Il s’agit dans un premier temps de la poursuite du DDR qui concerne pas moins de 63 000 ex-combattants qui déambulent toujours dans la nature avec leurs armes, ensuite les réformes institutionnelles devant permettre de prendre en compte certaines préoccupations de l’Accord. Ce volet est actuellement suspendu à l’organisation d’un Dialogue national inclusif entre les forces vives du Mali.
Vivement la prochaine étape du DDR !

Par Sidi DAO

Source: info-matin.